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► LE BILLET de Ludwig • Salman

Salman Rushdie, auteur des versets sataniques et victime d’une fatwa depuis 33 ans, a été poignardé le 18 août. Entre la vie et la mort plusieurs jours, ce dernier est aujourd’hui rétabli et continuera son combat contre l’obscurantisme, pour la lumière. Il me semble important de revenir sur cet évènement. Cet acte assassin d’une grande gravité nous rappelle que rien n’est jamais acquis dans la défense des libertés, notamment celle de conscience, et qu’il y aura toujours des individus rétrogrades, agissant au nom de(s) Dieu(x), voulant nous mettre au pas et nous dicter notre conduite.
C’est exactement ce qu’il se passe en Afghanistan, un an après la reprise de pouvoir des talibans. J’écrivais dans un billet de septembre 2021, comme nous nous émouvions devant les images de Kaboul en proie aux larmes des mères et des pères, de nos frères et de nos sœurs accrochés aux ailes des avions, espérant ainsi être accueilli chez nous. Puis le temps a passé, une actualité en chassant une autre dans cette société du zapping express.
Pourtant ce qu’il s’y joue est terrible. Les talibans et autres acteurs armés se rendent coupables de grand nombre d’homicides ciblés, visant en particulier des défenseurs des droits humains, des militantes, des travailleuses et travailleurs humanitaires, des professionnels de la santé, des journalistes, etc. Le nombre d’Afghans en quête d’asile dans les pays voisins a augmenté depuis la prise de pouvoir par les talibans. Les ressortissants afghans, y compris celles et ceux qui risquaient de subir des représailles, ont vu leur droit de demander l’asile à l’étranger compromis par les restrictions à la sortie du territoire imposées. Avec l’arrivée des talibans à la tête du pays, les femmes ont perdu nombre de leurs droits fondamentaux. Nombres d’entre elles sont enfermées, torturées, violées dans les geôles, assassinées. Les défenseurs des droits humains sont la cible de manœuvres d’intimidation, de harcèlement, de menaces, de violences et d’homicides ciblés. Ne parlons pas de la liberté d’expression et de réunion, du droit à la santé. Dans ce contexte, de nombreuses femmes militent pour retrouver les droits dont elles ont été privées : le travail, l’école et le choix de leur habillement. Et s’opposer à la tyrannie.
C’est là que nous, travailleurs sociaux, avons des rôles à jouer. Dans l’éducation encore et toujours. Dans la promotion des idées des lumières. Nous qui sommes du pays de Voltaire et d’Hugo, de Jaurès et de Rousseau. Dans la défense de l’accueil des réfugiés, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, sans distinction, de tous horizons. Dans la promotion de la liberté de circulation et d’installation. D’être ferme et d’oser nous opposer aux idées rétrogrades, de tous bords et de toute religion. D’être solidaires contre tous les intégrismes et les fascismes. Voilà, je pense, où nous devons nous situer.
Esteqlâl, en Afghan, veut dire « liberté », « indépendance ».


Retrouvez dans le n°1168 de Lien Social le dossier : « prévention de la radicalisation »