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25 février 2022

🖋 Autoportrait de travailleur social • Flore Lempereur, éducatrice spécialisée, Unité des informations préoccupantes, Nice.

« Il y a des ressources au fond de chacun. Faut juste être le regard qui les détecte »

Quel mot associez-vous spontanément au travail social ?

Ressources, ce sont mes amis, ma famille, mes amours, mes souvenirs, mes silences, dans lesquels je me plonge après chaque journée de boulot. Cela pour pouvoir recommencer le lendemain.
Ressources, parce qu’il y en a au fin fond de chacun. Faut juste être le regard qui les détecte.

Pour quelles raisons avez-vous choisi votre métier ?

Par reconversion professionnelle. Barmaid de nuit dès l’âge de 17 ans, cela durant une quinzaine d’années. Enceinte fallait arrêter ce rythme. Bilan de compétences, la rencontre qui m’a fait prendre conscience que je pouvais tenter d’atténuer les blessures en accompagnant l’autre au lieu de lui servir des bières au coin du bar.

Quelles formations avez-vous suivies ?

Je n’ai pas terminé le collège donc aucun diplôme. Ni Brevet ni Bac. Reprise des études en formation continue. D’abord monitrice-éducatrice, ensuite éducatrice spécialisée.

Quel est votre meilleur souvenir professionnel ?

Lorsque devant toute une équipe, j’ai défendu le projet d’une jeune majeure accueillie en foyer appartement. Arrivée en pouponnière 17 ans auparavant. Son projet était d’aller vivre dans la rue avec son amoureux, son double, son mec et leur chien.
Plutôt que de passer un CAP coiffure ou un CAP petite enfance.
J’ai fini par emmener ses affaires dans un squat où l’attendait son amoureux et mis fin à sa prise en charge institutionnelle. Quelques années plus tard, sans avoir de ses nouvelles, je la retrouve au bras d’un pote. Depuis, elle est devenue une copine.

Le pire ?

À part ce que je rencontre au quotidien dans le cadre des informations préoccupantes (IP), il y a quelques années, sur un poste d’éduc’ en hôpital psychiatrique, auprès de personnes schizophrènes, l’infirmière fait gober deux Xanax à un patient pour qu’il ne s’angoisse pas à l’idée de prendre l’autoroute. Alors que la veille je lui avais promis de prendre le temps et d’emprunter les petites routes pour aller là où l’on devait se rendre.

Quel est votre livre de chevet ?

Ta putain de vie commence maintenant, de Louise Pasteau (Éd. Albin Michel, 2018) et Les vilains petits canards, de Boris Cyrulnik (Éd. Odile Jacob, 2001)

Retrouvez les précédents autoportraits

🖋 Murielle A., éducatrice spécialisée en centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS)

🖋 Thierry Trontin, co-gérant de la SCOP Voyageurs-Éducateurs et d’un lieu de vie et d’accueil

🖋 Laurence, référente de parcours du Programme de réussite éducative

🖋 Romain Dutter, ex-coordinateur culturel au centre pénitentiaire de Fresnes

🖋 Yazid Kherfi, médiateur tout terrain

🖋 Claude, assistante de service social en polyvalence de secteur

🖋 Patrick Norynberg, formateur consultant en politique publique, cofondateur et président de la Régie de quartier du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis)

🖋 Émilie Philippe, éducatrice de jeunes enfants, membre du collectif Pas de bébés à la consigne depuis sa création en 2009.

🖋 Florent Guéguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS)

🖋 Léa Turchi, assistante de service social, coordinatrice à la mission interface au Samusocial de Paris

🖋 Sadek Deghima, chef de service d’un club de prévention spécialisée