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🖋 Autoportrait de travailleur social âą Sophie Gaillard, secrĂ©taire mĂ©dico-sociale dans deux services dâĂ©ducation et de soins spĂ©cialisĂ©s Ă domicile (Sessad) en rĂ©gion PACA
« Je suis fiĂšre de mon parcours professionnel de "travailleuse sociale non-cadre". Lâexigence de ce mĂ©tier dans le champ du handicap a fait de moi une actrice polyvalente au sein dâune Ă©quipe pluridisciplinaire, plurivalente, dans laquelle jâai fait ma place. »
Quel mot associez-vous spontanément au travail social ?
Solidarité.
Pour quelles raisons avez-vous choisi votre métier ?
La vie ne se rĂ©alise pas selon un dessein prĂ©dĂ©fini. Jâai empruntĂ©, au fil de lâeau, des chemins parfois tortueux qui ont façonnĂ© ma vie dâadulte. Ă un moment de sa vie il est important, face Ă lâĂ©chec, de savoir se relever en acceptant la main tendue offerte par deux Ă©ducatrices (mission locale et association dâhĂ©bergement dâurgence). Un juste retour des choses aujourdâhui.
Parce que le partage, la solidaritĂ© transgĂ©nĂ©rationnelle, lâamour de lâautre, nous permettent de lutter contre lâindiffĂ©rence et lâintolĂ©rance dans cette sociĂ©tĂ© du « chacun pour soi ». Aider les autres, câest sâaider soi-mĂȘme, pouvoir grandir, Ă©voluer ou simplement vivre ensemble dans une harmonie qui ne tient parfois quâĂ un fil face aux protocoles et exigences fixĂ©es par le cadre rĂ©glementaire.
Je fais ce mĂ©tier car il me correspond, mâenrichit lâĂąme mĂȘme si parfois, je le reconnais, je sors un peu du cadre et de ma fonction. Mon engagement est Ă la hauteur du respect et de la confiance que mes pairs mâaccordent. Le monde du handicap est si souvent cruel pour ceux qui le subissent ou qui tentent dâexister malgrĂ© leurs diffĂ©rences, visibles ou pas.
Quelle formation avez-vous suivie ?
AprĂšs des Ă©tudes courtes (BTS Action commerciale en 1994) - car je nâai pas eu le choix dâaller plus loin mĂȘme si le potentiel Ă©tait prĂ©sent -, un Ă©niĂšme stage, une Ă©niĂšme formation, jâai passĂ© six annĂ©es dans lâĂducation nationale en tant quâaide- Ă©ducatrice dans un lycĂ©e professionnel. Jây ai rencontrĂ© des enseignants dĂ©vouĂ©s et engagĂ©s (oui cela existe !) et des jeunes aux parcours chaotiques pour lesquels cette scolaritĂ© constituait la derniĂšre chance avant la dĂ©scolarisation.
En 2007, jâai intĂ©grĂ© un Sessad handicap moteur en tant quâagent administratif. Le monde du handicap mâĂ©tait alors inconnu, il me terrifiait mĂȘme. Ă force dâefforts, au bout de quatorze annĂ©es jâai obtenu une requalification en tant que secrĂ©taire mĂ©dico-sociale Sessad handicap moteur / institut thĂ©rapeutique Ă©ducatif et pĂ©dagogique (Itep) - et occasionnellement centre dâaction mĂ©dico-sociale prĂ©coce (CAMSP) â en consĂ©quence d’une rĂ©organisation des services au profit de la crĂ©ation d’un pĂŽle local.
Je suis fiĂšre de mon parcours professionnel de « travailleuse sociale non-cadre ». Lâexigence de ce mĂ©tier dans le champ du handicap a fait de moi une actrice polyvalente au sein dâune Ă©quipe pluridisciplinaire, plurivalente, dans laquelle jâai fait ma place et oĂč je trouve un sens rĂ©el Ă lâaccompagnement des personnes, quels que soient leur milieu social et leurs difficultĂ©s dans la vie.
Quel est votre meilleur souvenir professionnel ?
Entendre pour la premiĂšre fois mon prĂ©nom de la bouche dâun petit garçon souffrant de retard de communication, lire la fiertĂ© sur son visage et celui de sa mĂšre. Un pur bonheur, fruit dâun long travail de tous et dâattention⊠et tellement dâautres merveilleux souvenirs.
Le pire ?
Parmi les handicaps existent aussi des pathologies dĂ©gĂ©nĂ©ratives conduisant malheureusement Ă lâĂ©chĂ©ance irrĂ©versible de la fin de vie. Apprendre le dĂ©cĂšs dâun jeune accompagnĂ© par votre service et que vous accueilliez en tant que premiĂšre personne rencontrĂ©e Ă son arrivĂ©e dans lâĂ©tablissement, constitue une Ă©preuve difficile sur le plan individuel et pour lâĂ©quipe. Le Sessad est un lieu de « passage » et la mort - si difficile soit-elle Ă accepter -, fait partie de notre vie professionnelle en tant que travailleurs sociaux intervenant dans le champ du handicap.
Quel est votre livre de chevet ?
Je ne lis que par pĂ©riodes, quand jâai du temps pour mâadonner Ă ce loisir ou que jâen Ă©prouve un rĂ©el besoin. Jâai beaucoup aimĂ© lâouvrage : « Mon enfant mâadore : enfants otages et parents modĂšles », de Laura Pigozzi, psychanalyste italienne et chanteuse de Jazz (Ăd. ĂrĂšs, 2018). Une Ă©crivaine rencontrĂ©e dans le cadre de lâanalyse des pratiques professionnelles. Une personne abordable, adorable, avec laquelle Ă©changer fut un rĂ©el plaisir. Ă lire Ă©galement, son ouvrage PĂ©rilleuse adolescence (Ăd. ĂrĂšs, 2020).
Retrouvez les précédents autoportraits
🖋 Thierry Trontin, co-gĂ©rant de la SCOP Voyageurs-Ăducateurs et dâun lieu de vie et dâaccueil
🖋 Laurence, rĂ©fĂ©rente de parcours du Programme de rĂ©ussite Ă©ducative
🖋 Romain Dutter, ex-coordinateur culturel au centre pĂ©nitentiaire de Fresnes
🖋 Yazid Kherfi, mĂ©diateur tout terrain
🖋 Claude, assistante de service social en polyvalence de secteur
🖋 Florent GuĂ©guen, directeur de la FĂ©dĂ©ration des acteurs de la solidaritĂ© (FAS)
🖋 Sadek Deghima, chef de service dâun club de prĂ©vention spĂ©cialisĂ©e
🖋 Lucile Bourgain, monitrice-Ă©ducatrice
🖋 Tristan Montaclair-Le Foulgoc, Ă©ducateur de jeunes enfants qui travaille avec des adolescents
🖋 Cristel Choffel, conseillĂšre technique de service social
🖋 Laure, assistante de service social en service spĂ©cialisĂ© « Familles »
🖋 Carlos Lopez, Ă©ducateur Ă la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) depuis 1999
🖋 Charline Olivier, intervenante sociale en gendarmerie
🖋 Sylvie Kowalczuk assistante de service social en polyvalence, formatrice occasionnelle, auteur
🖋 FrĂ©dĂ©ric Maignan, formateur indĂ©pendant en travail social
🖋 Ămilie Mocellin, Ă©ducatrice spĂ©cialisĂ©e indĂ©pendante
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