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■ ACTU-Accueil petite enfance : l’alerte des professionnelles

33000 signatures en deux jours. Lancée à l’initiative d’une éducatrice de jeunes enfants, la pétition réclamant le retrait de l’arrêté du 29 juillet (1), relatif aux professionnels autorisés à exercer dans les modes d’accueil du jeune enfant mobilise. Face à la casse du métier qu’elle exerce depuis une vingtaine d’années, Sabrina Martel alerte : « Il y a 20 ans, nous avions pour but et comme idéal, de professionnaliser la Petite Enfance, car NON, il ne suffit pas d’aimer les enfants, d’être une femme ou encore d’avoir eu trois enfants pour accompagner de jeunes enfants et leurs parents au quotidien ! »



Les professionnelles de la petite enfance sont à 90% des femmes.

Malgré les négociations, cet arrêté entérine des pratiques en mode dégradé (sous effectif et personnel non diplômé), comme le redouté le collectif Pas de bébé à la consigne et la Fédération nationale des éducatrices de jeunes enfants (FNEJE). En effet, pour répondre à la pénurie de personnel dans le secteur de l’accueil de la petite enfance, le gouvernement assouplit les règles de recrutement et ouvre le métier à des personnes non formées. Désormais, 17 diplômes et certifications seront habilités à exercer en tant que professionnelles, même si leurs formations sont éloignées de l’accompagnement éducatif de la petite enfance : aide médico-psychologique, BEP sanitaire et sociale, aide soignante…



L’apport théorique de la formation à l’accompagnement éducatif du tout petit est essentiel à son évolution.

Si « le contexte local de pénurie le justifie », les départements pourront même autoriser l’embauche de salariés en parcours d’insertion. Pour ces salariés éloignés de l’emploi et potentiellement fragiles, l’arrêté stipule qu’ils doivent bénéficier d’un accompagnement individualisé. En pleine crise du recrutement, les crèches vont donc remplir le rôle des chantiers d’insertion et le personnel assurer les fonctions d’encadrement technique.

Dans un communiqué étayé (2), la FNEJE explicite le changement qu’entraine ce texte : « La règle des 75% de membres d’une équipe obligatoirement composée d’EJE, de puériculteur.trice.s, d’assistantes de puériculture, d’infirmier.ère.s et de CAP accompagnante éducatif petite enfance n’existe plus. Aujourd’hui, dans une équipe, parmi les 60% de qualifiés il ne pourrait y avoir que des aides soignant.e.s qui n’ont pas de formation spécifique sur le public accueilli. » Symptôme extrême de la dégradation de l’accueil de la petite enfance, l’homicide d’un bébé en juin dans une crèche lyonnaise souligne la nécessité d’un encadrement suffisant et professionnel. Publié quelques semaines après ce drame, deux ans après le rapport qui présente comme essentiels au développement « Les 1000 premiers jours » (3), cet arrêté ne peut qu’attiser les colères et les inquiétudes.

Texte et photos Myriam Léon

1 : Pétition pour le retrait de l’arrêté du 29 juillet 2022
2 : Communiqué de la FNEJE
3 :Rapport 1000 premiers jours

A lire aussi "■ ACTU - Mal de vivre dans la petite enfance" et dans le n°1151 de Lien Social : Co-éduquer : une des missions de l’éducateur de jeunes enfants