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■ ACTU - Crise de l’accueil • Les oubliés du confinement

Confinés dehors et abandonnés des autorités publiques, de nombreux exilés dépendent entièrement des bonnes volontés solidaires et citoyennes. Lors de ses maraudes, l’association d’aide aux migrants Utopia 56 recense 200 familles à la rue et une centaine de mineurs étrangers. Dans son centre d’accueil et d’orientation de Pantin, Médecins sans frontières a accueilli 35 nouveaux mineurs (dont deux filles) depuis l’instauration du confinement et suit désormais une centaine de jeunes qui, sans l’ONG, seraient livrés à eux-mêmes. Un quart des patients du centre de santé d’Ile-de-France du Comité pour la santé des exilés (Comede) n’a aucune solution d’hébergement.

Priorité oubliée

Au nom de la protection sanitaire pour tous, cinq associations(1) œuvrant aux côtés des mineurs non accompagnés en appellent à la responsabilité des départements, de l’État, du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Santé. Elles demandent que la mise à l’abri soit garantie pour toutes les personnes à la rue afin de les protéger du virus. Les humanitaires étaient leur revendication en s’appuyant sur une directive interministérielle, datant du 3 novembre, destinée aux préfets : « L’hébergement des personnes à la rue quel que soit leur statut est la première priorité. » Visiblement, cette directive n’engage rien au niveau des services de l’État ou des territoires.

Situation anxiogène

« Lors du premier confinement, c’était compliqué mais il y avait un peu plus de mise à l’abri, constate Maël de Marcellus d’Utopia 56. Un gymnase avait notamment été réquisitionné par la mairie de Paris pour recevoir les mineurs isolés étrangers. Cette fois il n’y a aucune organisation des institutions sensées les protéger, tout repose sur l’hébergement solidaire et des chambres d’hôtel payées par des particuliers. Dans une situation globale assez anxiogène, les exilés se retrouvent à devoir survivre grâce aux associations et collectifs que ce soit pour manger, pour se doucher, pour avoir un toit…  » Chaque nuit, les maraudes distribuent également du matériel de première urgence, tentes, duvets, vêtements chauds…

Circulation du virus

Une étude de séroprévalence, réalisée entre juin et juillet, a démontré une circulation du virus particulièrement active quand les personnes partagent chambre, douches et cuisine. Pour éviter que les dispositifs d’hébergement d’urgence contribuent à créer de nouveaux foyers de contamination, les grands collectifs, notamment les gymnases, n’apparaissent donc plus comme une solution adaptée. Reste à en trouver une quand même ! « A Paris, les hôtels sont vides, donc les solutions ne sont pas très dures à trouver mais il y a une absence de volonté politique », souligne Maël. Le 20 novembre, journée internationale des droits de l’enfant, les militants tenteront de motiver une politique de mise à l’abri, en particulier pour les mineurs, en se rassemblant sous les fenêtres du secrétariat d’État au logement à Paris.

1 : Comede, Les midis du MiE, Médecins sans frontières, Timmy, Utopia 56