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■ ACTU - Enfants victimes de violences sexuelles, une étude sur 100 dossiers d’enfants placés
Mieux repérer et mieux prendre en charge les enfants victimes de violences sexuelles. C’est le but de l’étude réalisée en Seine Saint-Denis sur 100 dossiers d’enfants placés. Ce travail a été mené par l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes, en lien avec l’ASE, qui a sélectionné les dossiers.
Les 100 enfants concernés ont tous subi des violences sexuelles au cours de leur vie, avant ou pendant le placement. Il en ressort des éléments déjà connus. Notamment que les violences sexuelles concernent davantage les filles, commencent très tôt, entre 6 et 10 ans, et que dans 94% des cas l’enfant connait son agresseur.
Celui-ci est un homme (98%), le plus souvent majeur (63%), donc des mineurs dans plus d’un tiers des agressions. Sur les 100 enfants, 72% sont victimes d’inceste, le plus souvent par leur père (58%).
Les violences subies ont duré près de 4 ans en moyenne, 90% des signalements viennent de l’Éducation nationale ©Bayard "Un tonton pas si gentil"
L’étude confirme les faiblesses du repérage des situations, compliqué par le fait que l’agresseur impose le silence à l’enfant. La durée des violences subies - 3 ans et 10 mois en moyenne pour l’échantillon étudié - « montre qu’il est très difficile pour les enfants de parler », note Alix Vallot, qui a mené l’étude. Plus de 90% des signalements proviennent de l’éducation nationale, tandis que les professionnels de santé signalent très peu.
Sur 100 enfants, 46 ont été placés pour d’autres motifs et ont révélé les violences sexuelles pendant le placement. « D’où l’importance de poser systématiquement la question », ajoute l’auteure.
Sur le lieu de placement
Chiffre marquant, 57 enfants sur 100 ont subi des violences sexuelles pendant leur placement à l’ASE, dont 29 sur le lieu de placement. L’agresseur est le plus souvent un autre enfant placé (24), mais parfois aussi un professionnel ou l’entourage d’un professionnel (6). Cela souligne la difficulté pour l’ASE de bien protéger ces enfants.
Par ailleurs, 15 enfants ont été violentés à l’occasion d’un retour en famille, dans le cadre du droit de visite et d’hébergement, « un risque à avoir en tête lorsque l’enfant est placé pour un autre motif », souligne la chargée d’étude.
Sur l’échantillon étudié, une majorité d’enfants présente des symptômes de psychotraumatisme (angoisses, idées suicidaires, tentatives de suicide, troubles alimentaires, énurésie), mettant en évidence les conséquences directes sur la santé. Et sur la scolarité, puis 38% d’entre eux sont déscolarisés.
L’étude souligne l’insuffisance de la prise en charge des victimes : Si la majorité des 100 enfants concernés a eu un suivi psychologique, celui-ci a été souvent très court, de trois mois à peine. Et seuls 7 enfants ont bénéficié de soins spécialisés en psychotraumatologie.
Mariette Kammerer
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