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■ ACTU - Grande précarité et troubles psychiques • Pour un meilleur accompagnement
Le 18 janvier, la Haute autorité de santé a publié des recommandations pour améliorer l’accès à un parcours de santé, d’insertion sociale et de vie citoyenne des personnes en grande précarité souffrant de troubles psychiques.
Les populations en situation de grande précarité augmentent de façon continue en France depuis vingt ans. Selon une étude de la Fondation Abbé Pierre de 2022, le nombre de personnes sans domicile s’élève à 330 000.
Parmi elles, 30 % présentent des troubles psychiatriques sévères (schizophrénie, troubles bipolaires), pointe l’enquête Samenta de 2010 (1).
Selon des données internationales (2), cette proportion grimpe à 75 % si l’on inclut d’autres troubles tels la dépression, l’anxiété ou le stress psycho traumatique.
30 % des personnes vivant à la rue souffrent de troubles psychiatriques sévères. Crédit : Pxhere
Ces personnes rencontrent de multiples obstacles pour accéder aux soins, aux dispositifs sociaux et souffrent de stigmatisation. Dans ses recommandations de bonnes pratiques (3) – rédigées à la demande de la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) - la haute autorité de santé (HAS) souligne l’importance d’aller à leur rencontre sur leurs lieux de vie.
« Aller vers » et « rester avec »
Dans les démarches « d’aller vers », les auteurs insistent sur la nécessite de prendre le temps nécessaire à la rencontre, de se montrer disponibles, de "rester avec" en réitérant la proposition d’aide en cas de refus - sans pour autant imposer - et d’éviter au maximum les temps d’attente. La réussite de l’accompagnement dépend de la qualité des premiers contacts.
« L’"aller vers" n’est pas une démarche limitée aux équipes spécialisées comme les équipes mobiles psychiatrie précarité (EMPP), c’est une posture professionnelle d’ouverture et d’accueil inconditionnel de la personne " là où elle en est" », précisent les auteurs.
La HAS insiste sur la nécessité d’offrir un accompagnement global et d’intervenir le plus précocement possible. Elle souligne que l’approche intégrant l’accès au logement ou du moins, à un « chez-soi » associé à un accompagnement médical et social est la plus efficace pour améliorer les situations de ces personnes.
La HAS alerte également sur les risques de rupture, notamment durant les périodes de transition (sortie d’hospitalisation, accès au logement...), et incite à les anticiper en proposant un accompagnement intensif.
Approche transdisciplinaire
Tout cela requiert une approche transdisciplinaire et coordonnée, privilégiant le travail en réseau, l’échange et le partage d’informations. La HAS encourage les pouvoirs publics à soutenir au niveau national et territorial, la mise en place de réponses globales et coordonnées en évaluant les besoins (sociaux et de santé) des personnes en situation de grande précarité, en prévoyant la généralisation et le financement pérenne des dispositifs coordonnés pertinents, ou encore en favorisant l’accès aux droits par la simplification administrative.
La mise en œuvre effective de ces recommandations suppose que les professionnels disposent de moyens et d’un soutien à la hauteur des besoins de terrain. Dans un contexte marqué par des tensions particulières sur les métiers du travail social et du soin.
Katia Rouff-Fiorenzi
(1) La santé mentale et les addictions chez les personnes sans logement personnel d’Île-de-France.
(2) Prévalence des troubles mentaux chez les sans-abris : un examen général, 2020.
La prévalence des troubles mentaux chez les sans-abris dans les pays à revenu élevé : une revue systématique actualisée et une analyse de méta-régression , 2021.
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Hébergement. De l’accompagnement au délogement, dossier in Lien Social n°1338, avril 2023.
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Hébergement d’urgence. Tempête sur le 115, dossier in Lien Social n°1264, janvier 2020
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