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■ ACTU - Handicap. AESH en colère

Charlotte*, accompagnante d’élève en situation de handicap (AESH) depuis 8 ans, a reçu début octobre un appel de sa banque. « Vous êtes à 750 euros de découvert … ». Elle tombe des nues. « Personne ne m’avait prévenu, je n’ai reçu aucune excuse, aucune explication, après avoir bataillé j’ai finalement perçu le 16 octobre un acompte de 690 euros, soit 90% de mon salaire ». Charlotte comme beaucoup d’autres AESH n’a pas été payé en septembre. La rentrée est « catastrophique » pour les AESH, juge Hélène Elouard AESH du collectif AESH national CGT Educ’Action. Salaires non payés, absence de contrats, mutualisation forcée, affectations aberrantes… En 2019, déjà, l’année avait été émaillée de manifestations (comme sur la photo à Paris en février 2019) pour protester contre les conditions de travail dégradées des AESH.

Rentrée inclusive

Pourtant, le ministère de l’Education avait promis une rentrée pleinement inclusive avec des « contrats robustes » pour les AESH (voir le dossier du n°1259 de Lien Social). Désormais, plus de CDD d’un an mais de trois ans renouvelable une fois avant un CDI. « Des contrats ne sont pas encore arrivés, certains travaillent sans, d’autres ont signé des contrats ancien modèle d’un an au mois de juin. On leur promettait un avenant avant la fin septembre, à ce jour, ils n’ont toujours rien », détaille Hélène Elouard. Une circulaire appelait à prendre en compte le temps invisible du travail des AESH : réunions, rencontres avec les parents, préparation… avec une annualisation du temps de travail sur 41 semaines et non 39 comme auparavant. « Sauf que cette circulaire est mal interprétée par les rectorats qui incluent ces heures dans le temps de travail effectif au sein de l’établissement », explique Hélène Elouard.

Batailler

Autre promesse : des affectations anticipées pour une rentrée préparée par des rencontres avec les parents et les futurs accompagnés. Charlotte, après de multiples demandes auprès du rectorat sur sa future affiliation, apprend le 30 août qu’elle reste dans le même lycée où elle suivait à temps plein une jeune fille. A la rentrée, on lui indique qu’elle accompagnera désormais cinq élèves. Elle bataille à nouveau pour finalement obtenir l’accompagnement d’une seule lycéenne. Son ancienne élève reste sur le carreau, sans accompagnement appropriée. L’installation des pôles inclusifs d’accompagnement localisés sensés mutualiser les moyens pour mieux répondre aux besoins entraine, selon Hélène Elouard, une mutualisation forcée qui dégrade les conditions de travail des AESH au détriment de l’accompagnement des élèves.

La machine bugge. Pas assez d’agents administratifs pour régulariser toutes les situations, les changements de contrats, l’installation des PIALS, s’excusent les académies. Dans plusieurs départements, des AESH protestent comme à Rouen le 9 octobre dernier où ces professionnels se sont rassemblés devant le rectorat pour déposer une alerte sociale sur leur situation.
Pour une large intersyndicale la coupe est pleine. Elle appelle à une mobilisation nationale le 20 novembre prochain. Charlotte n’ira pas manifester. Pour s’en sortir en septembre sans paye, cette mère célibataire de deux enfants a dû aller chercher des colis alimentaires au Secours populaire… Impossible pour elle de sacrifier un jour de salaire.

* Le prénom a été modifié