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■ ACTU - Handicap • Un collectif de professionnels en colère
Depuis juillet, un collectif de salariés de l’association Agivr Beaujolais Val de Saône handicap se mobilise. Il juge que ses conditions de travail dégradées pénalisent les personnes accompagnées.
« Les usagers ne sont pas des marchandises ! », dénonçait une pancarte du collectif de salariés de l’Agivr lors d’une mobilisation le 20 novembre à Villefranche sur Saône. En colère, ces professionnels, accompagnants éducatifs et sociaux, aides médico-psychologiques, moniteurs-éducateurs, qui accompagnent plus de cinq cents enfants et adultes en situation de handicap dans différentes structures de la région, dénoncent une détérioration des conditions de travail depuis deux ans – surtout sur le secteur adulte - ; une « maltraitance institutionnelle » ; « un accompagnement des publics au rabais. » Ils tirent la sonnette d’alarme avec une lettre ouverte envoyée à la Direction générale.
Lettre ouverte du collectif AGIVR Beaujolais Val de Saône, soutenu par la CGT
Loi du marché
Le collectif regrette une gestion « purement comptable », appliquée par « des gestionnaires, des financiers », plutôt que par des directeurs ayant, comme avant, une connaissance du terrain. Les équipes veulent garder le sens de leur action éducative, rester « les innombrables mains, cœurs, oreilles et cerveaux qui sont là, chaque matin, auprès de ceux que la société ne souhaite pas voir, pas rencontrer ». Or aujourd’hui, les professionnels effectuent à deux les toilettes assurées auparavant à quatre. « Pour nous occuper d’un résident en sécurité, nous devons enfermer les autres dans leur chambre, relate une porte-parole, qui souhaite rester anonyme, cela nous culpabilise. Les arrêts maladies pleuvent. » Les personnes polyhandicapées, qui ont besoin de stabilité, souffrent tout particulièrement de cette situation qui les angoisse. Les repas ne constituent plus des moments privilégiés d’échanges et de convivialité. « Nous devons nous contenter de nourrir ». Faute de budget, les sorties culturelles à l’extérieur ont disparu, les professionnels doivent mettre en place davantage d’activités qui, faute de temps et de moyens, restent insuffisantes pour stimuler les résidents.
Mépris
« Des directeurs tiennent des propos indignes, poursuit la porte-parole. Ils déclarent par exemple : ʺCe résident ne se concentre pas plus de dix minutes, il n’a pas besoin d’activités, donnez-lui un magazine, ça ira très bienʺ. »
Les équipes jugent aussi les établissements parfois inadaptés à la pathologie des publics accueillis. Les personnes autistes, par exemple, mêlées à d’autres, se sentent isolées. Les professionnels, débordés, peinent à leur accorder toute l’attention nécessaire. Ils déplorent également que le projet personnalisé des personnes accompagnées, travaillé en équipe pour leur avenir, avec parfois la nécessité d’une autre orientation, n’existe que sur le papier. « La direction cherche à garder les personnes accueillies dans l’un de ses établissements », dénonce la porte-parole.
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Première mobilisation des salariés de l’Agivr le 20 novembre. Crédit DR..
Autre source d’inquiétude : la menace de suppression de dix-huit jours de congés supplémentaires, prévus dans les accords d’entreprise pour permettre aux salariés de souffler, qui toucherait le secteur adultes. Le collectif réclame la présentation de la situation financière de l’association afin de comprendre les glissements de fonctions, la baisse de moyens, etc. Il demande également les conclusions de deux audits réalisés ces deux dernières années. Il compte cent soixante-dix salariés sur plus trois cent cinquante, et est soutenu par la majorité des professionnels.
Contactée par Lien Social, la direction de l’Agivr, n’a pas répondu.
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