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■ ACTU - Pandémie de coronavirus : Promesses présidentielles sans lendemain ou véritable tournant ?
Cela fait des décennies que le service public est détricoté, maille après maille. Depuis les années 1980, tous les gouvernements qui se sont succédé de gauche comme de droite ont participé à sa déstructuration. Les dépenses sociales étaient trop élevées, pesant sur la compétitivité de notre économie. Il fallait réduire les charges des entreprises et diminuer leurs impôts pour abaisser leurs coûts de production ; assouplir le code du travail, véritable carcan étouffant l’initiative privée ; flexibiliser l’emploi pour favoriser les embauches (et les licenciements) ; retarder l’âge de départ à la retraite, par manque de moyens pour la financer ; ne pas dépasser le mythique 3 % de déficit public (pourquoi pas 2 ou 4 % ? Ce chiffre a été fixé en référence avec la Sainte trinité chrétienne !) ; prendre des mesures d’austérité courageuses ; amaigrir le train de vie de l’État en supprimant massivement des postes de fonctionnaires ; fermer les services, les lits et les établissements sanitaires non rentables ; introduire des règles de gestion des administrations calquées sur l’entreprise privée dotée de toutes les vertus ; lutter contre la dette ; imposer au travail social une obligation de performance ; soumettre l’action publique aux critères de rentabilité ; introduire les pratiques de compétitivité au cœur de l’aide aux plus démunis ; conditionner le financement des associations aux preuves de leur efficience ; calquer l’offre de soin sur la gestion des stocks à flux tendu… en un mot comme en cent tout ce que le paradigme néo-libéral pouvait véhiculer comme prêt à penser, largement diffusé par nos médias, éditorialistes et autres commentateurs.
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« La santé n’a pas de prix »
Et puis, et puis, voilà que tout ce beau discours bien huilé qu’on nous a servi depuis quarante ans commence à craquer sous l’effet d’un Coronavirus ! Celui qui s’en était fait le champion proclame : « La santé n’a pas de prix, le gouvernement prendra tous les moyens nécessaires ». Disparu le refrain sur l’impérative nécessité de tenir les déficits et de freiner l’endettement de notre pays ! Mais, le meilleur était à venir : « Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite, sans condition de revenus, de parcours ou de profession, notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie, au fond à d’autres, est une folie. » Nous avons bien entendu hier soir, ce message de notre Président qui donne raison aux discours tenus à contre-courant, depuis des décennies : les secteurs du soin, du social et de l’éducatif ne peuvent et ne doivent être gérés à l’aune de la marchandisation. Ils doivent être sanctuarisés par rapport aux exigences de rendement du secteur privé. Ils n’ont pas, par essence, à être lucratifs et on ne peut réussir à mesurer leur rendement. Ces perspectives de changement qu’Emmanuel Macron affirme être prêt à assumer relèvent-elles de ces « ces promesses (qui) n’engagent que ceux qui les reçoivent » ? Une fois la menace passée, le néo-libéralisme reprendra-t-il tous ses droits ou assiste-t-on au début de la fin d’une idéologie qui, pour avoir permis aux nantis de s’enrichir sans limites, a causé tant de malheurs pour les plus démunis ? Seul l’avenir le dira.
Jacques Trémintin
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