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■ ACTU - Pour “revaloriser en urgence” le travail social, le CESE rejoint l’avis de la rue

Dans un récent rapport, le Conseil économique, social et environnemental a documenté la crise structurelle qui frappe le social et le médico-social. Dans le même temps, l’assemblée consultative préconise de réformes profondes pour sortir du marasme les métiers de la cohésion sociale.

Une nouvelle fois, l’alarme est tirée. Reste à savoir si elle sera entendue. Dans son rapport publié le 12 juillet, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a enquêté sur la crise que traversent les secteurs du social et du médico-social. Cette enquête s’appuie sur trois déplacements sur le terrain, 150 personnes rencontrées et plus de 5000 témoignages de professionnels et professionnelles recueillis sur la plateforme spécialement mise en place.



Assemblée composée d’associations, de syndicats de salariées, de salariés et d’organisations patronales, le CESE siège au Palais d’Iéna afin de conseiller le gouvernement, le Parlement et participe à l’évaluation des politiques publiques. ©Fred Romero / Flickr

De ce travail ressort un état des lieux désormais largement partagé : « perte de sens au travail », « réduction des temps consacrés à la relation aux personnes accompagnées », « rémunérations relativement faibles et orientées tendanciellement à la baisse », « conditions d’exercice peu favorables », « hémorragie de personnels ». Au-delà de ces constats, la troisième assemblée constitutionnelle de la République préconise une vingtaine de réformes pour « revaloriser en urgence les métiers de la cohésion sociale ».

Prime Ségur pour tous

En premier lieu le CESE recommande une hausse des salaires, dans le privé comme dans le public. Ce qui doit notamment passer par une « nette » revalorisation au-dessus du SMIC et l’attribution des 183€ de la prime Ségur à l’ensemble des salariés des services sociaux et médico-sociaux, y compris les fonctions support. Afin de s’assurer de l’effectivité de cette augmentation salariale, le CESE recommande dans le même temps de « rendre opposables en toute situation aux autorités de tarification et aux financeurs publics » les conventions collectives négociées.

Plus classiquement, la Chambre de la participation suggère le lancement d’une campagne de recrutement, en misant sur l’alternance, adossée à une grande opération de communication pour redorer l’image de ces métiers d’utilité publique. Sans oublier d’investir dans la formation continue, pour « limiter l’usure professionnelle » et améliorer l’attractivité de ces filières pour les personnes en reconversion.

Pour redonner du sens au travail des professionnels du social, l’institution recommande de « supprimer (...) a priori toute limitation de durée d’accompagnement ou de présence », et de définir des « taux d’encadrement » et de « personnels qualifiés » minimum et adaptés aux besoins des publics.

Renforcer les capacités d’alerte

Déplorant également que « le pilotage des structures tend à ne s’appuyer que sur des critères budgétaires de remplissage et de fréquentation ou de gestion quantitative », le CESE suggère de recourir plus largement à des indicateurs qualitatifs, co-construits par les professionnels, les usagers et les acteurs du territoire. Par ailleurs, l’institution pousse pour « simplifier » les dispositifs de contractualisation entre opérateurs et financeurs, qui devraient toujours être basés sur des diagnostics « co-construits ».

Enfin, le CESE préconise de faciliter l’intervention des lanceurs et lanceuses d’alerte (via les comités sociaux et économiques ou les conseils de vie sociale), considérant que « l’insuffisance de temps et de moyens consacrés à la relation avec les personnes accueillies et entre professionnels pour assurer la qualité du service » fait courir le risque à terme d’une « maltraitance systémique ».

Thomas Sévignon

Lire ici l’avis du CESE