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■ ACTU - Première journée nationale de l’aide à domicile : le secteur attend plus
Le 17 mars a été décrété "Journée nationale des aides à domicile" par le Ministère des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées. Cette création vise à les remercier pour leur engagement et à reconnaître leur place essentielle dans notre société. Alors que les refus de prise en charge augmentent et que les structures sont menacées par des difficultés financières, le réseau UNA aurait préféré un "plan de sauvetage" comme pour Orpéa.
Alors que le gouvernement parle de « virage domiciliaire » pour la prise en charge des personnes âgées dépendantes, la situation des structures d’aide à domicile « est plus critique que jamais », estime Marie-Reine Tillon, présidente du réseau Una qui vient de publier son bilan annuel.
Les directeurs de structure tentent d’améliorer les plannings et l’organisation mais plaident surtout pour une augmentation des rémunérations.
Réalisé auprès de 131 directeurs de structures, il révèle que le nombre de refus lié au manque de personnel augmente encore : sur 100 demandes de prise en charge il y a eu 10 refus, 11 prises en charge partielles et 5 reports. 90% des directeurs estiment que la situation s’est dégradée. La quasi-totalité des structures a cherché à recruter, mais la moitié des postes ouverts en 2022 n’ont pas été pourvus, faute de candidats. Et ce malgré des initiatives pour assouplir les plannings, s’ouvrir à de nouveaux profils et à de nouvelles organisations du travail.
Meilleure tarification des services
Ce manque d’attractivité s’explique en premier lieu par les salaires et les conditions de travail, estiment les directeurs, qui plaident pour une meilleure tarification des services. La tête de réseau accompagne ses adhérents dans leur communication, leur stratégie de recrutement, ou encore dans un changement d’organisation du travail, en équipes autonomes.
« Il nous faudrait beaucoup plus de moyens pour accompagner toutes les structures, pointe Marie-Reine Tillon. Il faut des moyens pour se transformer, pour investir dans des locaux, dans des services aux aidants, dans un parc automobile. Comment parler de virage domiciliaire alors que la branche autonomie n’alloue que 15% des moyens aux acteurs du domicile ? »
Du fait de dotations qui ne couvrent pas leurs besoins réels, « un quart de nos adhérents sont en très grande difficulté financière et risquent la fermeture », ajoute la présidente, qui réclame « un plan de sauvetage de l’aide à domicile ». « L’Etat se précipite pour sauver un gros acteur lucratif coupable de malversations et de maltraitances, mais pas pour des structures non-lucratives de l’aide à domicile ! », s’insurge-t-elle, déplorant le « deux poids deux mesures ». En effet, l’Ehpad lucratif n’a pas sa Journée nationale.
Mariette Kammerer
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