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► C’est quoi le problème ? Par Mélodie • L’enfant de la guerre

Planqué sous des gravats, l’enfant s’est recroquevillé et ne bouge plus. Les deux mains sur ses oreilles, il laisse aller ses larmes.

Tout a basculé en une nuit. Hier, il fêtait ses six ans. Toute la famille était réunie, oncles, tantes, cousins, grands-parents et parents, ainsi que quelques amis. Sa mère était rayonnante avec son gros ventre. Dedans, il y avait sa petite sœur ; elle devait naître dans trois mois. Ça riait, ça dansait, ça mangeait des galettes de patate douce et des beignets d’aubergine au miel. La soirée s’est éternisée jusqu’à l’aube pour les plus grands.
Et, ce matin, tout s’est effondré ! Qui aurait pu imaginer ? L’enfant s’est retrouvé seul sous l’enfer des bombardements, tétanisé. Des fous furieux ont kidnappé sa mère, ses tantes et ses petits cousins. Ils ont ensuite tué tous les hommes. Le gosse est passé à travers, ils ne l’ont pas vu, tout est allé si vite.
Il ne reverra jamais sa maman, ne connaîtra jamais sa sœur ; et, son père assassiné, gît à quelques mètres de lui. Il ne sentira plus jamais la chaleur de ses bras, consolatrice de ses moindres chagrins. C’est tout de suite qu’il voudrait se blottir contre lui. Ses larmes redoublent quand il pense qu’il ne pourra plus jamais ressentir la douceur et la tendresse maternelles. Terminées les histoires qui bercent avant de s’endormir, les fous rires et la légèreté. Il tremble de peur, de froid et sa sueur se mélange à la terre qui le recouvre. Malgré la faim et la soif, des nausées le submergent. Des bruits assourdissants grandissent au loin.

Sa famille lui a appris les bonheurs de la vie ; elle a manqué de temps pour le préparer à son pire cauchemar. Elle n’est plus là pour le protéger des terreurs qui s’emparent de son corps. Il n’a pas la force d’escalader les décombres, il reste prostré sous la terre, les yeux fermés pour ne pas rencontrer la folie des hommes. Dehors, c’est l’odeur de la mort qui l’attend. C’est l’histoire qui se répète, inlassablement. Les expériences passées n’apprennent rien à l’Homme. Il égare son humanité et renoue instinctivement avec la cruauté, ignorant sans scrupule que quand on nait quelque part c’est toujours un hasard !

Les conflits meurtriers, les viols et les humiliations me procurent un profond dégoût et suscitent une rage intérieure. La barbarie refait immanquablement surface et gomme toute trace de culture et de progrès échafaudés au cours des ans. Les tireurs de ficelle ne craignent-ils pas, à long terme, un retour de bâton qui anéantirait leurs funestes bénéfices ? Au bout du compte, que des perdants !


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