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Cette année là, François Durand, éducateur spécialisé de son état, effectuait, un remplacement au sein de la MECS « Le Refuge ». Au cours de l’été, certains enfants placés ne passaient que très peu de temps, voire pas du tout, en famille. Possédant un grand et beau chalet en Haute-Savoie, « Le Refuge » emmenait tout ce beau monde à la montagne dans le cadre de ce que l’on nommait un transfert.
Un mois plein, cinquante gamins répartis sur trois groupes, sports d’eaux vives, randonnées, activités diverses et pour l’équipe, le soir, une bouteille de Poire.
Au pied du Mont-Blanc, dans un écrin de verdure, cette immense bâtisse sentait bon le pin et la colonie de vacances de son enfance. Si cela n’avait été l’ambiance parfois électrique plus qu’éprouvante que demandait de faire fonction d’éducateur H 24 au milieu de cinquante gamins, François se serait presque cru au repos, surtout quand il rejoignait le soir, sa belle et sensuelle collègue, Natacha. En charge des ados, au nombre de dix-neuf, François travaillait en Binôme avec Romain. Plus jeune que lui de 9 ans, soit âgé de 21 ans, cet éducateur savait tenir le « Non » de façon remarquable face aux demandes parfois sans limites des ados. Il comblait ainsi parfois la frilosité de François à l’égard de l’autorité qui, déjà, s’interrogeait sur l’origine des fondations de la limite. Aujourd’hui, Romain est directeur de MECS et François, de son côté, toujours éducateur, s’est doté d’un Master de Recherche en Sciences de l’Éducation. Au cours de ces vingt dernières de chemins différents empruntés, leur conception du « Non » et de « l’Inter-Dit » s’est considérablement et sûrement creusée. Mais à l’époque, tous deux s’appréciaient et leur duo ne fonctionnait pas trop mal.
Et puis, il y avait la petite Claire. François et Romain, s’étaient pris d’affection pour cette gamine de 15 ans. Une vraie tête de mule qui cassait tout sur son passage et qui s’apaisait en se plongeant de longs moments dans l’élaboration de dessins. Romain tenait bon face à elle. François, lui, voyait au-delà des dessins et y décelait une puissante mélancolie et un profond mal-être. Ainsi, à bien regarder, il a repéré la relation trouble entre l’enfant et le cuisinier, un beau gosse de 35 balais. François a interpellé Romain. L’éducateur, toujours cadrant, en a parlé avec Claire. Elle couchait avec le cuisinier. Elle s’était sentie suffisamment en confiance pour le lui confier. François et Romain, très rapidement, ont alerté le chef de service qui a appelé le bureau du procureur.
 Quel âge a t-elle ?
 15 ans et demi.
 Elle a la majorité sexuelle.
 Et ?
 Il n’y a rien à faire.
Le cuisinier a nié et puis «  C’est sa parole contre la mienne non ? »
« Oui Patrick, c’est sa parole contre la tienne, mais moi je sais ce qui s’est passé, je l’ai vu dans vos regards, vos échanges. Oui, moi, je sais » a répondu François.
Patrick a quitté les lieux. Les adultes ont fait la cuisine à sa place. Rien n’a été dit aux enfants. Justice était faite. L’équipe a ouvert une bouteille de Poire.