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► FORUM - Le billet de La Plume Noire : Pamela (1)
Dans ce bureau duquel s’écoule du plafond, dans une corbeille en plastique posée sur le sol, un goutte-à-goutte régulier et répétitif, Pamela est assise en face de François Durand, éducateur spécialisé de son état. Nul doute, nous sommes bien dans des locaux destinés au travail social. Pamela est avec son enfant. Un fils. 18 mois. Sa demande est simple : un lit, à défaut un toit, pour dormir et se poser un peu. Sans ressources, ni toit, elle retournera à la prostitution. François n’a aucune solution à lui proposer. Il la regarde dans les yeux. Elle est vraiment très jeune. Il lui dit dans un anglais approximatif « You’re very young. I think you’re under 18… ». Elle ne répond pas. Détourne le regard. Tend le récépissé de sa demande d’asile. Montre sa date de naissance : 03/10/1997. 23 ans. François ne lui en donne pas plus de 16 ou 17. Mais il n’insiste pas vraiment. Elles sont nombreuses dans son cas. Le réseau qui les a mises sur le trottoir leur signifie qu’en cas de déclaration de minorité, la police française les renverra au Nigeria et, au Nigeria, elles ne veulent pas y retourner. François, explique à Pamela, qu’en tant que mineure, l’état français pourrait plus facilement la protéger. Il y croît moyennement, même si maintenant la Protection de l’Enfance est dotée d’un Secrétaire d’État. Étrange disposition que celle du gouvernement qui face à la « crise » de la protection de l’enfance, nomme un secrétaire d’état, au lieu d’augmenter les effectifs de personnels et d’investir dans des lieux d’accueils. Mais bon, peut-être qu’ils ont de bonnes raisons et puis Lyes Louffok veille sur tout cela. Madame Macron, meurtrie dans son cœur de mère, suite au fameux reportage, lui avait téléphoné personnellement, c’est dire si le problème est maintenant bien pris au sérieux. Pamela, se moque de tout ça. Elle veut un lit. Mais, elle a épuisé tous les dispositifs d’urgence disponibles, son quota de nuits. Elle n’a plus rien. Heureusement, « La Termitière » a une convention avec un hôtel du quartier et elle peut pour cette nuit être logée. Mais, une nuit seulement. Le lendemain, elle revient. Elle est passée à la MDS. Une assistante sociale lui a fait une aide d’urgence de 92 euros. Pour ce soir, elle pourra se payer une nouvelle nuit d’hôtel. De son côté, François, n’a toujours rien à lui proposer. Elle repart et au fond de lui, il espère qu’elle ne reviendra pas pour éviter d’avoir à affronter cette gamine et son fils à nouveau. Deux jours plus tard, Pamela réapparaît. Toujours pas de solutions. François lui file un colis alimentaire : riz, pâtes, fruit « for the baby », des couches également. Entre temps, elle passe pas mal de temps au téléphone et lui dit qu’une amie a une solution pour elle. « A small place ». Mais qui est cette amie ? François n’en sait rien. Nous sommes vendredi, elle repart avec son fils et le colis. De son côté, François rentre chez lui. Ce soir, il dormira au chaud, sous sa couette, une main posée sur le cul de sa femme.
(1) Hormis François Durand, tous les personnages sont fictifs et j’espère que personne ne se reconnaîtra dans cette histoire.