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► LE BILLET d’Olyric • Admission mère/ fille
Je rencontre dans le cadre d’une admission une maman et sa fille adolescente, pour une prise en charge ambulatoire de soin.
Je plante le décor : une maman extravertie, connaissant un peu notre monde du médico-social, car elle travaille à l’hôpital.
Dès le début de la rencontre, face à moi, elle se livre, parle d’elle, que d’elle… Sa fille la regarde, me regarde et derrière son masque, sourit pathétiquement …
La maman plutôt à l’aise, car presque déjà collègue, enfin paraît l’être, évoque son histoire, sur fond de maltraitance puis de violences conjugales.
Elle rit, parle fort, répond à ses propres phrases, s’agite sur la chaise…Puis au bout de quelques minutes, elle quitte sa veste en jean, presque à me demander un café, mais n’osera pas ….
Je tente alors plusieurs petites phrases du genre : « et votre fille ? », « votre demande pour le soin de votre fille ? » Mais mes questions glissent, ne la captent pas ….
Elle a besoin de dire pourquoi elles sont là. Elle me parlerait presque de schéma familial, de répétition ? Pas sûr !!!!
Elle me dit aussi être en arrêt de travail, car avoir été frappé par un patient en psychiatrie et en ajoutant toute guillerette, « je sais, je les attire, les coups !!!! »
Après tout ce déballage personnel, intime, sa fille a refermé son sourire et s’est repliée, attendant sûrement de partir.
Je ne lâche pas l’affaire et je tente de reprendre la main. Je me tourne donc vers cette adolescente (en souffrance) et lui pose quelques questions assez simples mais qui auront de vraies réponses : « est ce que tu sais pourquoi tu es là aujourd’hui ? » « Est-ce que tu penses avoir besoin d’être aidée ? », « Est-ce que tu veux que l’on t’accompagne un peu ? ». Elle répondra oui à toutes mes questions, en ajoutant pour finir :
« Je veux bien, oui, car j’ai pas confiance en ma mère »
Petit électrochoc dans le bureau, la maman passant du sourire au jaune pâle, et moi au milieu de tout ça spectateur mais sacrément dépositaire d’une histoire familiale douloureuse et sensiblement aiguë ….
En partant, cette adolescente osera baisser son masque pour me dire au revoir...