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2022. Je finis ma première année de formateur après vingt ans d’éducation spécialisée. J’ai travaillé auprès de personnes SDF, de demandeurs d’asile en CADA, longtemps en protection de l’enfance, dans le handicap adulte, aussi. Vingt années de richesses, et, comme tout travailleur social, des boires et des déboires. Pas mal de déboires tout de même. Avec ma fâcheuse tendance à l’ouvrir. Dès mes débuts, je tenais à dire ce que je pense, je prenais la plume ou la parole. Dans un esprit critique d’amélioration, que beaucoup prennent pour du dérangement. Je n’ai pas toujours été compris, mais je ne regrette rien. On ne renie pas ses origines.
Aujourd’hui, à quarante ans (bien) passés, me voilà formateur. Et cette année qui s’est achevée aura été bouleversante à plus d’un titre. Bouleversante de liens, de difficultés, de rires à en pleurer. Je viens de passer l’une de mes plus belles années professionnelles. Une claque. Une renaissance. Je le dois beaucoup à l’accueil et à l’accompagnement que j’ai eu. De la part de ma collègue surtout. C’est elle qui m’a appris, tutoré. Cela faisait longtemps que je n’avais vécu pareil travail d’équipe. Nous avons formé un sacré binôme, sorte de couple éducatif, en somme. Elle me lira sans doute. Sache que je ne te remercierai jamais assez.
Cette année, j’ai découvert un autre enjeu, celui de la diplomation. Elles ont été diplômées, ces étudiantes de ce petit centre de formation. Ces huit femmes, toutes issues d’origines sociales et culturelles différentes, orientées dans cette formation en travail social par Pôle emploi, en reconversion ou en (ré)insertion professionnelle. Il y avait bien un double enjeu, pour l’ex-éduc que je suis. Celui de former non seulement de futures professionnelles du social et médico-social, tout en favorisant leur insertion sociale, la concrétisation d’un projet de vie.
Treize mois de labeur. Pour ce public éloigné de l’emploi, c’est un sacré défi, beaucoup de sacrifices. Pour nous, formateurs, un accompagnement de tous les instants de ce public adulte en formation.
Après avoir vécu plus d’un an dans la proximité, dans les joies et les peines, les franches rigolades ou le recadrage nécessaire, je dois dire qu’il y avait bien longtemps que je n’avais vécu telle réussite professionnelle, que je n’avais mis autant de sens dans mon métier, et retrouvé une place.
Comme il y a vingt ans avec ce groupe d’hommes en réinsertion, partis à l’assaut des côtes anglaises, mesdames, vous qui êtes parties à l’assaut de votre vie, merci de tout ce que vous m’avez apporté, pour cette aventure humaine.
Je dois dire que lorsque j’ai appris leur réussite, j’ai craqué. Parce que cela représentait tellement pour moi. Cette sensation de boucler la boucle. D’être à la base des métiers, en responsabilité de futurs professionnels de terrain. D’y mettre, toujours, la même finalité qu’il y a vingt ans. Politique. Pour influer sur le monde de demain en transmettant, maintenant, mon expérience, des compétences, des valeurs et des idéaux. Pour qu’à leur tour, des professionnels se tiennent aux côtés des plus démunis, et participent un peu à changer les choses…
J’ai rempilé. Je suis à ma place.
Rendez-vous dans vingt ans…

• Métier Fonction / Formation

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