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► LE BILLET de Ludwig • Contre la guerre, l’internationalisme
En ces temps de guerre, une question : le travail social est-il internationaliste ?
L’internationalisme, au sens politique, est décrit comme un mouvement qui souhaite la fin des confrontations entre nations et entre classes sociales, recherchant la solidarité internationale et s’opposant aux guerres entres les peuples, au racisme et au nationalisme. Du point de vue institutionnel, l’internationalisme recherche une organisation du monde fondée sur des accords et des échanges entre des États-nations. Si je souhaite un travail social progressiste et humaniste, force est de constater que ces définitions sont concordantes avec mes souhaits. Ce qui rejoint la notion d’universalisme ?
Si je pars du principe que le travail social est rattaché aux valeurs de la république et des lumières, alors ces valeurs des droits de l’Homme doivent-elles être internationales voire universelles ? Entendez-moi bien, je me méfie tout ethnocentrisme.
Certes la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 n’a pas de force contraignante mais elle est un moyen pour construire un concept universel de liberté, de droits. Pour nous travailleurs sociaux, il peut s’agir de la création d’un lien social, de fraternité, d’un acte d’humanité.
Cette universalité des droits de l’Homme est consacrée en 1948 par les nations unies, qui en fixaient les règles régissant ces principes dans le monde entier, affirmant une volonté d’universalité des droits pour l’humanité. Mais le fait que ces droits soient formulés en occident peut aussi servir de prétexte pour les considérer comme un instrument impérialiste et culturel. Cela s’entend.
Et la France pour ce qui nous concerne, n’a plus depuis longtemps de leçons à donner en matière de respects des droits fondamentaux, quand on pointe le traitement fait aux réfugiés, la dérive du tout sécuritaire, ou encore l’état insalubre des lieux d’enfermement. La liste est longue.
Alors, de quelles manières réaffirmer la perspective universaliste et internationaliste des droits sans que seul l’occident les définisse ? Il faudrait, pour cela, défendre l’idée que ces concepts impliquent que les droits de l’ensemble des hommes soient pris en compte. Que partout, les droits fondamentaux doivent trouver une place pleine et entière sans exclure que chaque pays en fonction de son histoire et de sa culture, puissent avoir une mise en place particulière. La question centrale et commune serait donc de savoir quelles sont ces valeurs qui doivent rester intangibles. Mais si l’universel concerne tous les Hommes, qui est légitime à définir l’humain et ses droits ?
C’est pour cela que hisser les droits de l’Homme à tout va est en contradiction régulière avec les réalités internationales. C’est donc sur le terrain de l’application des droits qu’il faut agir, et les travailleurs sociaux, je pense, se doivent d’y participer. En dénonçant, aussi, les violations des droits et en promouvant des droits de l’Homme pour tous-tes. N’est-ce pas ce que nous faisons au quotidien, promouvoir le respect des droits de la personne accompagnée ?
Enfin, comme le rappelle la fédération internationale du travail social « le travail social a répondu (…) aux tragédies humaines qui ont suivi la guerre (…) nous travaillons avec de nombreux partenaires et communautés internationales pour co-construire un monde pacifique et durable. »
Contre la guerre, l’internationalisme !