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21 avril 2027, L’imaginable se produit. Marine Le Pen est élue présidente de la république à 55 % des voix. Bien que l’on s’y attendait, à 20 heures sur toutes les chaines est apparu le visage de la bête immonde sorti d’un œuf bien fécond et couvé depuis des années.
À force de dire que nous n’avons jamais essayé, bien que d’autres, dans d’autres pays, s’y soient frottés, et que l’on fait fi de l’histoire, aussi, et bien certains l’on fait. Je suis allé vomir. Et puis j’ai refréné mes cris d’effroi et de rage quelques fois que le voisinage ne m’entende, sait-on jamais. L’histoire est connue. Ou bien non, puisqu’elle se répète ! J’ai vérifié que mon verrou était bien fermé et demain matin j’irais au travail en surveillant mes arrières. Car je suis travailleur social, syndiqué, progressiste et j’écris dans une presse libre. Je suis à l’inverse des idées réactionnaires d’un parti d’extrême droite et xénophobe. Du FN au RN, on aura beau changer la devanture, les idées restent, même lissées et banalisées.
Que va-t-il se passer maintenant ? À l’instar de l’Italie, de la Hongrie, et plus loin de notre Europe, du Brésil ou des États-Unis, nous allons toucher le fond, puisque l’on n’apprend pas de notre passé. Il faut dire aussi que toutes ces précédentes années ont permis cette émergence. À force de détruire notre système d’emploi, de protection sociale, de nourrir l’anxiété sur fond de « crise », cela devait arriver. Les politiques néolibérales débridées ont été le terreau fertile de la pauvreté, de la précarité, de la peur. Tout a été vendu. Les services publics, l’action sociale et la santé, le travail et la terre. Les manifestants ont été mutilé, prompts à exprimer leur colère dans les urnes. Les dernières attaques en règles contre la Ligue des Droits de l’Homme par le ministre de l’intérieur auraient du nous réveiller durablement, mais non.
Et nous ? Et nous, travailleurs sociaux ? Qu’avons-nous fait ou pas fait ? Où étions-nous ? Qu’avons-nous perdu de nos idéaux, jetés à la poubelle comme un bulletin de vote aux oubliettes ? Or, le racisme, l’extrême-droite représente tout le contraire de ce que nous promouvons : c’est la fermeture d’espaces culturels, la sécurisation à outrance, l’instrumentalisation des services sociaux, la préférence aux « méritants », c’est l’avilissement. Le pire ennemi des travailleurs, des publics que nous accompagnons. Luttons fermement contre tous les dérapages qui nous conduisent à l’inacceptable, que ce soit dans les entreprises, dans les administrations et dans la rue. Travailleurs sociaux, nous avons un devoir : celui de nous lever contre toutes formes de rejet et d’exclusion, d’éveiller les consciences afin que les partis racistes et xénophobes, qui bafouent les idées de liberté, de fraternité, d’égalité, et de solidarité, n’aient plus lieu d’être. La France est tout de même le pays de la déclaration des droits de l’homme !
Alors, alors, il nous reste 4 ans, peut être moins, pour se préparer à l’irréparable…

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