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► LE BILLET de Vince • Lien Social, lien du cœur

Salut je m’appelle Dylan. J’ai 16 ans et j’ai une passion dans la vie : foutre le bordel. J’en ai épuisé des éducs et des familles d’accueil ! Et je compte bien en profiter encore un moment. En fait, pour être honnête, je suis vachement attaché à eux. Au point que je peux même pas le dire. Je démontre tout l’inverse parce que c’est compliqué pour moi de dire « je t’aime ». Mais ils font chier aussi ! Ils le savent bien que je tiens à eux finalement. Sinon je les ignorerais. Là je leur accorde du temps, de l’importance et de l’attention. Je leur donne du grain à moudre. J’aime les provoquer, les titiller quotidiennement, leur casser les pieds, les faire sortir de leurs gonds. Plus ils réagissent, plus je me trouve important à leurs yeux. Mes meilleurs éducs ? C’est ceux qui se sont montrés touchés par mes débordements, sensibles, émus, en colère. C’est ceux qui m’ont laissé lire leurs émotions. C’est ceux qui osaient me tenir tête, ceux qui ne fuyaient pas le conflit. Ouais parce que le conflit c’est du lien. Et moi j’aime ça le conflit. J’aime me sentir exister dans cette relation. J’aime lire l’inquiétude dans leurs yeux. J’ai longtemps été transparent aux yeux des autres, de mes parents, de mes profs. Là, dans le dur, j’accroche leurs regards, leurs esprits, leurs cœurs. Je vois bien que je les anime. Même en mon absence ils parlent de moi. Mon référent me le répétait souvent : « on a encore passé deux heures sur ta situation en réunion ». Le pied ! Merci. Ouais franchement merci de passer autant de temps sur ma situation. Je vais tenter les trois heures la semaine prochaine. Il faut que je trouve ma prochaine connerie. Cette stratégie me demande une sacrée inventivité ! Faut pas croire, ça paraît simple comme ça de partir en couille, mais c’est pas donné à tout le monde. Ah tiens, si je cramais les revues de mon référent ? Il est toujours fourré dedans, ça devrait bien le faire chier ça !
Lien Social je crois ça s’appelle. Mon référent c’est un vieux. Il est éduc dans la protection de l’enfance depuis 25 ans. Et il m’a dit qu’il a toujours été abonné. Le ouf ! Il ne l’a jamais lâché, comme moi. J’pense que c’est un magazine un peu « attachiant », comme moi. En tout cas, je crois que ça l’inspire. Un jour, il a même écrit un truc sur moi, enfin sur nous, pour cette revue. Truc de dingue. Il me l’a lu son article. En confiance. « En toute transparence » comme il dit toujours. Ce jour-là, j’ai chialé sous ma capuche. Il n’a rien vu, heureusement.
Lui brûler son Lien Social ? Non ! J’peux pas. J’peux pas brûler un bout de moi. Je vois bien qu’il en a besoin pour me supporter. Si je fais ça, je risque de le perdre. Non pas qu’il me ferait payer cet affront ! Non, il a encaissé tellement d’autres choses le gars ! C’est un warrior. Mais parce que ça ne se fait pas de détruire la pensée. Parce que sur ces pages il a écrit un bout de notre histoire. Parce que les mots ont de la valeur. Parce que l’écrit reste. Parce que ça fait trace. Je le kiffe cet enfoiré ! J’peux pas lui dire mais je le kiffe. J’peux pas lui faire ça, non. J’pense que je vais plutôt aller lui crever les pneus de sa C3, comme la dernière fois. Ouais, ça c’est bien. En plus, comme ça, à la fin de son service, il ne pourra pas partir tout de suite et il sera obligé de rester un peu plus longtemps avec moi.
Je suis toujours prêt à lui niquer sa race… mais pas son Lien Social. Houla non.


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