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■ ACTU - CEF : La Cour des comptes dubitative
Deux rapports, l’un de la cour des comptes et l’autres de la Direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ), permettent d’éclairer les conditions de vie des mineurs placés en centre éducatifs fermés (CEF) ou en prison.
« Une pause » s’impose dans la construction de nouveaux centres éducatifs fermés (CEF) selon la cour des comptes après une enquête sur ces lieux où sont pris en charge des mineurs suite à des faits de délinquance.
Le cour des comptes recommande d’ "élargir les plages consacrées à la socialisation et aux apprentissages scolaires" pour les mineurs détenus. ©Rozenn Le Berre
Il existe à ce jour 54 CEF sur le territoire national. Solution alternative à la détention, souvent vus comme « dernière chance » avant la prison, ces structures privatives de liberté ont été mis en place il y a une vingtaine d’années.
But affiché : la prévention de la récidive. Pourtant, selon les magistrats de la cour des comptes, « les défaillances du dispositif de suivi statistique du ministère de la Justice et l’insuffisance des évaluations » mettent à la peine toute analyse fiable sur leur efficacité.
Manque d’évaluations
Pointés aussi, et sans surprise, les problèmes liés aux difficultés de recrutement. Les turn-over et l’emploi de personnel non qualifié demeurent fréquents, tant chez les éducateurs que chez les cadres.
La qualité des conditions de travail pour les professionnels s’effrite et l’accompagnement des jeunes, en ricochet, en souffre. Autant de raisons qui poussent la cour des comptes à recommander une suspension de la création de nouveaux CEF, le temps de la réflexion et de l’analyse.
Un autre rapport, paru quasi simultanément, fait lui un état des lieux de l’effet de l’enfermement sur les mineurs détenus en quartier mineurs et en établissements pour mineurs (EPM).
« Ne pas devenir fou »
Le rapport soulève des manquements et inégalités concernant la vie sociale, l’accès au soin et l’accès à l’éducation pour ces mineurs privés de liberté. Donnant largement la parole aux mineurs, il pointe les difficultés des jeunes détenus et leurs stratégies quotidiennes pour « ne pas devenir fou ».
Garantir un accompagnement éducatif de qualité au sein de ce dispositif punitif peut représenter un défi quotidien pour les éducateurs de la PJJ travaillant en milieu pénitentiaire.
S’ils sont parfois les dispositifs les plus visibles, les prisons pour mineurs et les CEF ne concernent qu’une minorité de mineurs pris en charge par la justice. De nombreuses alternatives, en milieu ouvert, en centre éducatifs renforcés ou en foyers, proposent des solutions moins contenantes et davantage orientées sur l’éducatif.
Pour l’heure, la construction de 21 CEF est inscrite à l’agenda 2024. Reste à savoir si ces deux rapports viendront réorienter les positions du ministère de la Justice pour les années à venir.
Rozenn Le Berre
Rapport de la cour des comptes
Rapport de la DPJJ
À lire aussi dans Lien Social n°1327 : À 20 ans, les CEF fragiles… malgré les millions et le dossier du n°1109 : Mineurs délinquants : CER-CEF. De quel côté penche la gauche ?