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■ ACTU - EXPOSITION "Mémoire de la Shoah : correspondances"
À l’occasion des 80 ans de la « rafle du Vel d’Hiv », le Mémorial de la Shoah de Drancy (Seine-Saint-Denis) expose « C’est demain que nous partons. Lettres d’internés, du Vel d’Hiv à Auschwitz », des correspondances des camps de Drancy et du Loiret.
Fin 1940, pour des dizaines de milliers de Juifs, déjà, la correspondance est le seul lien avec l’extérieur. Ces lettres, billets, cartes postales constituent des traces bouleversantes des éléments essentiels envoyés, avant de partir vers l’Est, pour transmettre l’histoire du génocide des Juifs. Ces trésors de famille ont été confiés, envoyés parfois par les victimes à la hâte, la veille de leur départ ou même écrits et jetés depuis les trains, sinon envoyés depuis les camps d’internements, selon l’évolution des règlements dont on suit le cours tout au long de l’exposition. Avec le déclenchement de « la solution finale, en 1942 », ce fil ténu se transforme en adieux, avant la déportation de ces hommes, femmes et enfants.
Zalma Wojakowski montrant la photo de sa femme et de ses enfants, camp de Beaune-la-Rolande (Loiret). France, 20/05/1942 © Mémorial de la Shoah/coll. Régine Betts
Écrire avant tout
En vingt-huit panneaux, l’exposition illustre la manière dont il était possible de correspondre sous contrôle de l’administration pendant de longs mois (un courrier tous les quinze jours), afin de demander des colis (étiquettes, sacs brodés pour le linge), d’annoncer une arrivée, un départ ou un transit (d’un lieu de détention à un autre), Drancy symbolisant la plaque tournante de cet enfer. Parfois, il s’agit de courriers clandestins comme pour les victimes de la « rafle des notables » détenues au Camp de Compiègne (Oise), privées de toute correspondance.
Les cachets administratifs « refusé par la censure », les cachets postaux, les coups de tampons illustrent bien comment les fonctionnaires se sont pliés aux injonctions des administrations.
Agnès Montagne
Du 27 mars au 22 décembre 2022, Mémorial de la Shoah Drancy. Une exposition réalisée par le Mémorial de la Shoah dans le cadre de la 80ème commémoration de la Rafle du Vel d’Hiv’ (16 et 17 juillet 1942).
Témoignage
Carte adressée à Lina Rose Braunthal, internée au camp de Drancy par Mme Gouyon sa voisine. La carte est refusée par la censure et renvoyée à son expéditeur. Lina Rose Braunthal est arrêtée lors de la rafle du Vel d’hiv et internée à Drancy le 16 juillet 1942. Elle est déportée par le convoi 34 du 18 septembre 1942 parti de Drancy. Elle est assassinée à Auschwitz. © Mémorial de la Shoah/coll. André Weisman
