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■ ACTU - France, portrait social, 2020
L’ouvrage de l’Insee, réalisé avec la statistique publique (1), indique tout d’abord une forte augmentation de la mortalité en mars-avril avec un surcroît de 27 000 décès (+ 27 %), toutes causes confondues, par rapport à la même période en 2019, essentiellement en raison de la surmortalité provoquée par la Covid. L’Ile-de-France arrive largement en tête des régions affectées (+ 91 %), suivie de Grand Est (+ 55 %). Le département de Seine-Saint-Denis, le plus pauvre de France, a connu le plus fort excédent de mortalité (+ 123 %).
Le risque d’exposition au virus varie selon les milieux sociaux : les ouvriers et les employés ont plus souvent continué à travailler et à prendre les transports ; les personnes modestes vivent plus souvent dans des communes denses, des appartement surpeuplés et souffrent aussi davantage de pathologies susceptibles de provoquer une forme grave de Covid. Les personnes les plus âgées, celles nées à l’étranger et celles habitant dans les communes les plus pauvres ont été les plus touchées.
Moindre recours aux soins
L’étude pointe aussi un moindre recours aux soins pendant le confinement qui a augmenté les risques sur la santé. En revanche, les consultations pour des troubles liés à la santé mentale ont augmenté : début avril, un tiers des adultes souffrait de détresse psychologique.
Avec la baisse d’activité, les pertes d’emploi ont d’abord touché les plus précaires. 715 000 emplois ont été détruits au premier semestre 2020, en premier lieu dans l’intérim. Cependant, la chute de l’activité économique provient essentiellement des personnes restées en emploi avec un temps de travail réduit de 34 % en moyenne du 16 mars au 10 mai par rapport à la même période en 2019, avec de fortes disparités selon les secteurs et les catégories socioprofessionnelles.
Un quart des ménages (23 %) estime que sa situation financière s’est dégradée avec le confinement. Au deuxième trimestre, la perte de revenu disponible brut des ménages est la plus forte sur un trimestre depuis 1949
Isolement et violences
Le confinement a mis en lumière les situations d’isolement : 16 % de personnes vivent seules. Elles ont moins bien vécu le confinement tout comme les familles monoparentales, les ménages complexes et les retraités.
Même quand elles travaillaient à l’extérieur, les femmes entre 20 et 60 ans, ont consacré plus de temps que les hommes aux tâches domestiques et aux enfants. Le confinement et l’augmentation des tâches domestiques ont accru les conflits familiaux : 13 % des personnes en couple ont déclaré se disputer plus fréquemment que d’habitude au sujet de la vie quotidienne, des enfants ou du travail. Par rapport à la même période en 2019, le nombre de personnes de 15 ans ou plus ayant porté plainte pour coups et blessures dans le cadre intrafamilial a augmenté de 4 %.
Scolarité
Six parents de collégiens et lycéens sur dix déclarent que leurs enfants ont rencontré « souvent ou très souvent » au moins une difficulté liée au travail scolaire (connexion, organisation du travail, autonomie, etc.). Les élèves avec des difficultés scolaires, de famille nombreuse ou de milieu défavorisé ont connu des difficultés plus prononcées : 12 % des parents ont eu du mal à aider leur enfant à comprendre les cours et 19 % ont manqué de temps pour le faire. Des conclusions sans surprise mais chiffrées.
(1) Vue d’ensemble. En France, les inégalités sociales à l’épreuve de la crise sanitaire : un bilan du premier confinement, Insee Références, France, portrait social, Édition 2020.