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■ ACTU-MNA à Paris : Abandonnés... et harcelés

Depuis le 4 avril, plus de 450 mineurs non accompagnés occupent une école abandonnée dans le 16ème arrondissement de Paris. Sur place, les associations dénoncent l’inaction de l’état face à la détresse sociale de ces jeunes, ciblés quotidiennement par l’extrême droite.



L’association Utopia 56 va embaucher sept personnes pour accompagner les mineurs non accompagnés au sein de l’école abandonnée. ©Utopia 56

« Si l’état ne réagit pas très vite, le dérapage ne sera plus du tout contrôlé », redoute Yann Manzi, président d’Utopia 56. L’association est mobilisée auprès des jeunes depuis le début de l’occupation, avec les Midis du Nid, la Timmy, et l’association Tara. En un mois, le nombre de mineurs étrangers accueillis dans cette école abandonnée a doublé et pourrait atteindre 700 personnes d’ici le 13 juin prochain.

700 jeunes mis à l’abris

C’est à cette date que la justice devra statuer sur le maintien ou l’expulsion des exilés dans le bâtiment municipal. En attendant cette échéance, la situation devient intenable mais la préfecture affirme ne pas être en mesure d’assurer la mise à l’abri de ces mineurs étrangers.

Ils sont pour la plupart primo-arrivants ou en recours auprès du juge des enfants pour faire valoir leur minorité contestée par les différents départements d’Île-de-France. « Chaque jour, 20 à 30 nouveaux jeunes nous rejoignent. Nous n’avons pas assez de bénévoles pour accompagner tout ce monde. L’état ne réagit pas et ça fait peur », insiste Yann Manzi.

Sur-occupation et insalubrité

Au-delà de la sur-occupation, des agents de la ville ont également signalé l’effondrement d’une partie des plafonds de l’école et son état d’insalubrité générale. Un référé signifiant le caractère dangereux des lieux a été déposé par la mairie de Paris mais rejeté par le tribunal administratif.

Plusieurs cas de gale et de maladies infectieuses ont d’ailleurs été signalés par Médecins du monde à l’Agence régionale de santé. « Les conditions sont précaires mais forcément moins que celles qu’ont connu les jeunes avant l’occupation. Notre arrivée dans ce lieu a été déclenchée par la chasse permanente de la police sous les ordres du préfet de paris, décidé à ce qu’aucune tente ne soit visible dans Paris en prévision des jeux olympiques », affirme le président d’Utopia 56.

L’extrême droite se déchaîne

Depuis plusieurs semaines, l’occupation de l’école est devenue matière à rassemblement pour l’extrême droite. Des dizaines de militants xénophobes viennent chaque jour intimider les exilés et leurs soutiens, encouragés notamment par des membres de Reconquête et du Rassemblement national. « Ils se servent de nous comme vitrine de leur haine et de leur programme et donne toute légitimité à des fous qui rôdent autour de l’école et qui pourraient passer à l’acte. »

Si la police intervient régulièrement pour interpeller les personnes les plus violentes, aucun dispositif permanent n’a été mise en place par la préfecture pour assurer la sécurité des occupants. Une mobilisation de l’extrême droite devenue récurrente depuis les intimidations violentes à Callac contre un projet d’accueil de réfugiés, ou à Saint-Brévin-les-Pins contre l’extension d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile. Gérald Darmanin n’a toujours pas fait de déclaration concernant ces violences.

Jérémie Rochas

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