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■ ACTU - Mobilisation • Trois jours de manifestations
- Le 8 avril, la mobilisation à Paris (c) Commission de mobilisation du travail social Ile-de-France
La crise sanitaire a exacerbé les problématiques des travailleurs sociaux et mis le feu aux poudres. Pendant trois jours partout en France, les 7,8 et 9 avril, cinquante rassemblements, piquets de grève et manifestations ont porté les revendications des professionnels des secteurs du social et du médicosocial.
Appel national
En les privant de la revalorisation salariale de 183 euros du Ségur et en les excluant de la mission Laforcade, le gouvernement a motivé les troupes à faire front commun. « Habituellement, il y a toutes les semaines au moins une action de lutte quelque part en France, affirme Elena, déléguée syndicale CGT à Paris. Nous étions atomisés, cet appel national facilite la mobilisation dans un secteur où le droit de grève est méconnu. Nous avons toujours du mal à lâcher les personnes que nous accompagnons. Mais là, je pense que nos collègues réalisent que se mettre en grève, c’est se battre pour la qualité de nos accompagnements. »
Collectifs multiples
Déjà le 3 décembre, puis le 21 janvier, les collectifs formés sur tout le territoire ont poussé les syndicats à s’unir pour porter des revendications communes. « Les salariés se retrouvent plus dans des collectifs parce que ces dernières années les syndicats n’ont pas su porter une parole unitaire et mener la lutte, constate Baptiste, éducateur en prévention spécialisée, depuis Grenoble. Mais pour déposer des avis de grève, pour organiser des réunions, il faut des syndicats organisés et forts. Beaucoup de collègues ont déjà l’impression de militer dans leur travail, là en donnant de la visibilité à leurs revendications, ils vont peut-être comprendre l’intérêt de se syndiquer. »
L’intersyndicale (Sud, CGT, CNT) et les collectifs de travailleurs sociaux ayant appelé à cette mobilisation des 7, 8 et 9 avril revendiquent l’extension de la prime Ségur. Mais aussi une augmentation de salaire de 400 euros net par mois pour tous, l’abandon de toute forme de tarification à l’acte ou encore l’ouverture de 100 000 postes pérennes dans le social et le médico-social.
Sortir de l’invisibilité
Ces trois jours ont permis aux professionnels de se rencontrer, d’échanger, un luxe qu’ils n’ont pas quand leurs journées fonctionnent à flux tendus. Désormais, des revendications vont être portées au niveau des structures. En fonction des retombées de ce mouvement, ils décideront des suites à lui donner. « Nous avons rencontré le conseil départemental et la préfecture, ils nous ont affirmaient qu’ils trouvaient anormal notre exclusion du Ségur, apprécie Stéphane qui exerce dans institut médico-éducatif dans le Gard. Généralement, les directions nous soutiennent également. Nous leur avons également souligné notre opposition à la tarification à l’acte, prochaine étape de la dégradation de nos conditions de travail. »
Handicap, protection de l’enfance, grand âge… dans ces secteurs où les métiers diffèrent la convergence des luttes s’organise pour arracher des victoires contre la mise en concurrence des services par des appels à projet et la marchandisation du social. Les invisibles qui s’occupent d’invisibles disent en avoir marre de se taire et de bosser.
Myriam Léon
Mobilisation du 8 avril à Paris. (c) Commission de mobilisation du travail social d’Ile de France