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■ ACTU - Pénurie de professionnels : recrutement éphémère
À Douarnenez, commune du Finistère de 15 000 habitants, l’hôpital et les deux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) publics font face à une difficulté de recrutement inédite. La CGT du centre hospitalier tire la sonnette d’alarme.
Un bureau d’embauche, installé directement devant le centre hospitalier : voilà la réponse proposée par la CGT de l’hôpital de Douarnenez pour faire face aux difficultés de recrutement.
« Quarante lits ont été fermés cette année faute de personnel, vingt-deux à l’EHPAD et dix-huit à l’hôpital, s’alarme Carine Thomas, aide-soignante et secrétaire générale de la CGT du centre hospitalier. C’est dramatique pour l’offre de soin à la population et pour nos conditions de travail. » Plannings mouvants, RTT qui sautent, congés non honorés, week-end consécutifs assurés : pour les personnels, le rythme est éreintant.
Jeudi 14 avril, les militants de la CGT du Centre hospitalier de Douarnenez ont installé un bureau de recrutement éphémère pour faire face au manque de personnel et alerter sur la situation critique dans l’hôpital et les deux EHPADs -
© CGT du Centre hospitalier de Douarnenez
De mauvaises conditions de travail qui impactent fatalement patients et résidents : « Nous avons des retours des familles de résidents qui se rendent bien compte qu’on court partout, qu’on n’a pas le temps. Ce n’est pas que les aides-soignantes et infirmières ne veulent pas bien faire, c’est qu’elles ne peuvent pas », poursuit la représentante du syndicat.
L’année dernière, la CGT avait décidé de prendre les devants en installant son bureau de recrutement éphémère devant l’hôpital. Une quarantaine de candidatures avaient été reçues et transmises, menant à plusieurs recrutements. Cette année, rebelote. La CGT a déployé sa tonnelle et ses drapeaux sur la pelouse de l’EHPAD Ty Maric, jouxtant l’hôpital. En revanche, les candidatures se comptent cette fois sur les doigts de la main : « cette action reflète bien l’état su secteur : on ne trouve plus personne », regrette le syndicat. Il pointe l’échec du Ségur qui n’a pas su régler le problème d’attractivité du métier. Et revendique 300 euros d’augmentation de salaire ainsi que « l’arrêt des tarifications à l’acte pour se recentrer sur l’accompagnement humain. »
Faute de quoi, le problème perdurera selon Carine Thomas : « Ici, on est très attractif : une équipe à taille humaine, un cadre magnifique au bord de mer. Et pourtant, on n’arrive pas à recruter. Je n’ai jamais vu ça et ça me fait peur. » Parmi les quelques candidatures reçues, aucune ne concerne un poste d’infirmier diplômé d’État. Pourtant, 16 postes sur les 131 sont actuellement vacants.
À l’approche de la période estivale, durant laquelle des soignants partent en congés et la population de la ville double sous l’effet du tourisme, les personnels sont très inquiets. « Tant que la profession d’infirmière ne donnera pas envie, on n’y arrivera pas, conclut Françoise Bordanova, infirmière responsable de la vie syndicale à la CGT. C’est un métier de cœur, mais à un moment c’est épuisant. »
Rozenn Le Berre
À lire aussi Métiers de l’humain. À bout de souffle, Lien Social, novembre-décembre 2021, n° 1306.