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► FORUM - Le Billet de La Plume Noire : le dindon de la farce
La violence c’est une claque dans la gueule, un coup de pied au cul, un crachat en plein visage, un…une…
La violence est infinie, irréductible. Elle se manifeste de milles et une façons et en commençant dans la profession, François Durand, éducateur spécialisé de son état n’imaginait pas qu’elle puisse être à ce point présente « sur le terrain », pour ce qui le concernait, en protection de l’enfance. Elle semblait même en être sa représentation la plus significative.
Enfants violents physiquement, verbalement, la violence les habite, les constitue parce qu’à la maison, avant le foyer, Papa buvait et tapait Maman, parce que parfois ils prenaient des coups alors qu’ils n’étaient encore que dans le ventre de leur mère. Oui, pour certains d’entre eux, la violence commençaient bien avant leur naissance. Alors quand ils débarquent au sein du « foyer », ce lieu protecteur, ils racontent leur histoire. Pas comme le ferait un patient chez un analyste, allongé sur le divan. Non, ils racontent avec leur corps ou avec des mots inadmissibles. Pourtant quand leur mère dérouillait en se faisant insulter, cela semblait être la norme. Alors, pour tenter de comprendre, les enfants remettent ces mots en société et ils traitent la première éducatrice qu’ils ont sous la main de salope ou cet éducateur d’enculé puisqu’il paraît que leur père en était un selon leur mère.
Mais on ne traite pas un éducateur d’enculé ni une éducatrice de salope. Ce n’est pas poli. A un éducateur/trice on dit « Merci », certainement pas « Merde ». Bref, il est facile de parler de la violence des enfants. Cela ne mange pas de pain. Untel est insupportable, celui-là menteur, lui manipulateur, elle voleuse, vicieuse, les diagnostics ne manquent pas lorsqu’il s’agit de les cataloguer. Dresser le portrait de ces gamins permet aux adultes professionnels de ne pas avoir à dresser le leur. Nous les adultes sommes éduqués et les gosses n’ont qu’à bien se tenir et à nous respecter autrement c’est la punition jusqu’à l’extrême limite qui est l’exclusion, souvent nommée « Orientation ou Réorientation », car comme nous le disons « Notre structure n’est pas adaptée à la problématique de cet enfant » ou « cet enfant n’est pas adapté à notre structure ». C’est comme on veut, à la sortie cela ne change pas grand-chose, c’est juste un jeu de langage et au bout du compte l’enfant se retrouve dehors. Il reste le dindon de la farce. Je vous invite à fermer les yeux et à prendre le temps d’imaginer juste quelques secondes une société au sein de laquelle tout le monde serait adapté.
En protection de l’enfance François a rencontré pas mal de gamins pour qui les règles claires à la maison étaient une vue de l’esprit, un brouillard sans nom et, qui une fois placés, se prenaient en pleine face, sans aucune transition, les règlements intérieurs à respecter.
Ne se trouve t’elle pas là, la première des violence de nos institutions ? Dans cette volonté d’adaptation à tout prix qui en cas d’échec peut rapidement tourner à l’exclusion., heu pardon, à la réorientation.