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► LE BILLET de Ludwig • Harcelée
Dans un billet précédent, je vous racontais comment elle avait été le bouc émissaire de l’équipe. Celle qui dérange, celle que l’on montre du doigt. Et que je vous parlerais alors du harcèlement moral, sorte de suite possible d’un mauvais film de série Z. Phénomène destructeur par excellence que je vous propose à toutes fins utiles de décrypter rapidement.
Précisément, le harcèlement moral au travail se définit (1) « par des agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits de la personne, du salarié au travail et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. L’auteur peut être un employeur, un collègue de la victime, quelle que soit sa position hiérarchique » (…) « Tout salarié ayant procédé à des agissements constitutifs de harcèlement moral est passible d’une sanction disciplinaire ». Par ailleurs, la loi organise la protection des salariés, des individus (2) : le harcèlement moral est défini identiquement dans le Code du travail et dans le Statut général de la fonction publique, selon l’article L1152-1 du code du travail. Et les faits de harcèlement moral sont punis d’un an d’emprisonnement et d’une amende de 15 000 €.
Alors les causes sont nombreuses et complexes. Tout ne se résume pas à la psychologie des personnes, que l’on soit harceleur ou victime. Des causes sont aussi liées à l’organisation et à la situation de travail, à l’agresseur, à la victime de harcèlement.
En réalité, il n’y a pas de « portrait type » de la victime. Les harceleurs ont cependant tendance à prendre pour cible quelqu’un qui se croit, ou qui a l’air plus faible. Mais pas seulement. Après l’agression, la victime se renferme et se trouve très souvent à l’écart.
Comme dans beaucoup de phénomènes de groupe, les témoins peuvent aggraver le harcèlement s’ils donnent l’impression qu’ils l’approuvent : tout le monde a besoin d’appartenir à un groupe, et ce groupe a besoin de rester soudé, parfois en cherchant un bouc émissaire. Souvent, les témoins font semblant d’ignorer le harcèlement, car ils craignent d’être eux-mêmes victime. Ils se taisent et se sentent alors coupables et honteux. Parfois, ils encouragent, soutiennent les harceleurs.
Ya qu’à réagir ! Pas si facile ! les personnes ne réagissent pas, car elles craignent d’être exclues du groupe ou de devenir eux-mêmes le bouc émissaire. Elles se taisent, pensant ainsi échapper de cette façon à la violence. Les conséquences sont pourtant importantes, à en tomber malade, à se donner la mort.
Que faire alors en cas de harcèlement ? Une fois rassemblés les éléments de preuves- ce qui n’est pas si aisé- laissant supposer l’existence d’un harcèlement moral, plusieurs moyens sont possibles : alerter l’employeur, alerter le CSE, tenter une médiation, alerter l’inspection de travail, la médecine du travail, saisir les Prud’hommes, ou encore saisir le juge pénal. Enfin, vous pouvez lire Le Harcèlement moral, la violence perverse au quotidien de Marie-France Hirigoyen.
(1) https://travail-emploi.gouv.fr/droit-du-travail/egalite-professionnelle-discrimination-et-harcelement/article/le-harcelement-moral (2)www.espace-droit-prevention.com