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Cher Bernard Arnault,
Je suis très admiratif de votre parcours, de vos valeurs et de vos 185 milliards.
Votre parcours ? D’abord, vous êtes originaire de Roubaix. En l’occurrence il faut déjà un sacré pouvoir de résilience pour dépasser cette condition sociale ! Bravo. Comment avez-vous fait pour ne pas sombrer dans l’alcool, la consanguinité et le tuning ? Où avez-vous puisé votre force ? Vous devriez être un exemple pour tous ces jeunes destinés à des vies misérables entre des murs de briques et qui n’ont que la mer du nord pour dernier terrain vague. Il n’est sans doute pas anodin que de nombreux migrants aiment se retrouver dans des sortes de pèlerinages à Calais ou à Grande-Synthe, sans doute inspirés par votre incroyable réussite à partir de cette terre hostile.

Plus tard, vous vous êtes brillamment illustré à Polytechnique alors que notre jeunesse actuelle n’est même pas foutue de remplir quatre pavés de motivation sur Parcours Sup, sans chouiner sur son sort.

Vous avez eu cette intelligence de vous expatrier aux États-Unis à l’arrivée de Mitterrand au pouvoir en 1981, avec cette fulgurante intuition qu’une politique économique socialiste ne pourrait que nuire à vos projets. Quel flair !

Vous avez su investir aux bons endroits, aux bons moments. Vous avez rapidement compris qu’il valait mieux être propriétaire de LVMH, plutôt que bénévole chez Emmaüs. Les pauvres, quant à eux, n’ont décidément rien pigé ! En plus d’être pauvres, ils sont manifestement bêtes. Ils s’entêtent à fréquenter des enseignes où ils ne trouveront jamais le moindre sac Louis Vuitton, ni même un petit parfum Dior. Heureusement, votre altruisme vous a poussé à racheter des parts de capital chez Carrefour. Vous avez toujours su rester près du peuple.

Vos valeurs ? Des amitiés politiques solides. Toujours prêt à rendre service à vos amis. Très arrangeant. Des placements de capitaux et des déclarations fiscales à l’étranger, au-delà des frontières, toujours tourné vers l’interculturalité, la différence et l’altérité. Je vous admire.
Vous avez eu la courtoisie de laisser trôner Elon Musk pendant quelques semaines, comme plus grande fortune du monde. Quelle classe ! L’humilité et l’élégance incarnées. L’art de s’effacer, discret, pour laisser un peu la place aux plus démunis.
Votre fortune de 185 milliards ? D’après mes rapides calculs, c’est l’équivalent de 7,4 millions de postes éducatifs et de 40 437 primes Segur cumulées. Vu ainsi, ça paraît insolent et inaccessible. Mais vous nous avez montré la voie. Celle du grand capitalisme. Nous y arriverons, grâce à votre admirable exemple. À force de travail, de rigueur, d’ambition, de détermination sans faille, quitte à bosser jusqu’à 64 ans, oui nous y arriverons. Nous sommes bien partis. Nos syndicats employeurs s’occupent d’ailleurs déjà activement de notre rentabilité. Tout est sous contrôle, la misère bientôt cotée en bourse, l’action Abbé Pierre promise à un beau destin.

Merci Monsieur Arnault de représenter pour le travail social et ses bénéficiaires (ceux qui tirent des bénéfices donc) une source d’inspiration aussi… comment dire… riche.