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(c) Antoni Lallican

Dans la petite commune rurale d’Albert dans la Somme, le service de prévention spécialisée de l’association Yves Le Febvre observe que les jeunes qu’il rencontre ont « des difficultés à se projeter dans un ailleurs ». Ils vivent isolés, portent des représentation négatives des grandes villes, visualisent leur avenir dans un cadre géographique contraint, se retrouvent enfermés dans un cercle où tout le monde se connaît.

L’équipe s’interroge sur « l’image dégagée par les jeunes sur le territoire » : incivilités pointées dans la presse locale, partages de leurs propres images, pas à leur avantage, via les réseaux sociaux et, comme une couche supplémentaire d’enfermement : la crise sanitaire qui a « plongé certains jeunes dans une inertie légitime », accentuée par la fermeture des écoles et des institutions.

(c) association Yves Le Febvre

Face à ce constat, l’équipe propose au sortir du confinement en 2020 un projet photographique en lien avec un photographe professionnel, Antoni Lallican. Un moyen pour ces jeunes d’apporter leur propre vision du pays du Coquelicot, le territoire où ils vivent, et pour l’équipe de refaire lien après le confinement vécu comme une rupture. Un travail en amont a permis de réfléchir avec les jeunes sur leurs envies, leurs aspirations pour « mettre en image ce qu’ils souhaitent refléter d’eux-mêmes et leur environnement ».

(c) association Yves Le Febvre

L’échange avec le photographe a permis de penser la création photographique, d’apprendre à manipuler un appareil, à évoquer la question des droits à l’image, du partage sur les réseaux sociaux. Au final, le photographe et les jeunes ont, tout à tour, capturé leur environnement. Ultime étape : l’exposition en octobre 2020, interrompue par l’arrivée du deuxième confinement.