N° 1244 | Le 5 février 2019 | Critiques de livres (accès libre)
Jouer collectif
Les travailleurs sociaux subissent de plus en plus de procédures, de protocoles et d’injonctions. Ils sont confrontés à l’urgence et aux délais à respecter. Ils sont trop souvent contraints de remplir des formulaires et de cocher des cases. Leur sentiment d’être réduits à de simples exécutants est source de frustration. Du côté de usagers, les actions d’insertion subies et le formatage des réponses qu’ils reçoivent leur font mesurer le décalage avec leurs aspirations les plus profondes.
Aux uns et aux autres, l’Intervention Sociale d’Intérêt collectif (ISIC) offre un espace unique de réflexion, d’initiative et d’adaptabilité, ainsi qu’une liberté de mouvement et de pensée que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Telle est la conviction de l’auteure, forgée à travers une expérience professionnelle qu’elle nous décrit ici par le détail. De quoi s’agit-il ? Si l’Intervention Sociale d’Aide à la Personne (ISAP) s’appuie sur les aspirations individuelles de la personne accompagnée pour conduire le changement, l’ISIC privilégie la dynamique de groupe.
S’appuyant sur l’intelligence collective, elle amplifie les dynamiques internes propres à chaque participant et externes liées à son environnement. Elle favorise l’exploration, l’émulation et l’encouragement des compétences de chacun d’entre eux. Le travailleur social y joue un rôle d’animateur, guidant, mais se laissant tout autant guider par les aspirations du groupe dans un processus de co-construction. Il adopte une posture rassurante, non jugeante et respectueuse du rythme de chacun.
Il met sa technicité au service du groupe, reformulant, relançant la dynamique, respectant les silences. Il est facilitateur du travail relationnel et émotionnel qui s’y joue libérant tant son propre pouvoir d’agir que celui des usagers.
Jacques Trémintin
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