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Associations • Le silence et la subvention

« Aucun commentaire », réagit le Haut commissariat à l’économie sociale et solidaire interpellé pour une réaction sur l’article du Canard enchaîné paru le 22 mai. L’article nous apprend que l’Union des organismes sociaux à but non lucratifs, l’Uniopss s’est vu retirer une subvention du Haut commissariat de 50 000 euros pour avoir jugé que Christophe Itier, le Haut commissaire, avait « souvent un discours très négatif sur les associations ». Cette phrase tirée d’une interview de Patrick Doutreligne, président de l’Uniopss, au journal Travail Social Actualités en avril 2018, expliquerait pour Christophe Itier le retrait du financement : « Comment voulez-vous que je donne une subvention à quelqu’un qui dit du mal de moi ? »

« Rien ne nous a été dit sur le travail fait, aucune critique sur l’objet de la convention qui portait sur la délégation interministérielle à l’économie sociale et permettait de former les acteurs associatifs aux dispositifs et évolutions de l’économie sociale et solidaire, pas d’annonce sur un éventuel changement de stratégie », détaille Patrick Doutreligne. Lors de l’entretien, « Christophe Itier est allé chercher la phrase en question dans son téléphone. C’était un peu surréaliste parce que je ne m’attendais pas à ce type d’échange avec un haut responsable de l’État : faire reposer le sort de 50 000 euros sur une petite phrase, cela semblait impossible ».

Au Génépi, l’histoire résonne particulièrement. En septembre dernier, l’association perdait elle aussi 50 000 euros de subvention. Interrogée sur France Inter, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, avait été directe pour expliquer la raison de cette coupe : « Le Génépi développait des thèses très hostiles à la politique publique que nous conduisons ». Eloise Broc’h du Génépi relie les deux situations : « Nous parlions pour nous de sanction politique, c’est un peu la même chose pour l’Uniopss même si la tournure prend un aspect plus personnel ». En toile de fond des deux situations, un positionnement gouvernemental qui pousse le développement de l’entrepreneuriat social, jugé plus moderne et innovant mais aussi plus sage que ces « vieilles » associations militantes.