N° 1201 | Le 16 février 2017 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Certes, le mètre-étalon classique reste centré sur la famille conjugale nucléaire constituée par un homme et une femme. Mais, les évolutions contemporaines (telle la double dissociation entre sexualité et reproduction d’un côté, conjugal et parental, de l’autre) nous rapprochent des modèles fort anciens où le couple n’était pas forcément le tout dans la famille. Bien des manières de faire famille sont possibles, venant relativiser la prétendue universalité du modèle : un père et un seul/une mère et une seule. L’objet de l’ouvrage est justement de déconstruire toutes ces évidences. D’abord, en déclinant les différentes formes de parenté, qu’elles soient sociale, élective, additionnelle ou plurielle, qui relèvent des registres de filiation, mais tout autant de l’affiliation. Ensuite, en distinguant maternité et paternité (processus physiologique) de la maternalité et de la paternalité (processus psychique), la parentalité n’étant pas un fait de nature, mais de culture, car toujours socio-historiquement construite. Encore, en décrivant les multiples modalités de suppléance parentale quand une défaillance surgit chez les géniteurs, allant d’une logique de soutenance (quand une intervention provisoire s’avère nécessaire) à celle bien plus substitutive (quand il s’agit de remplacer en comblant l’absence), en passant par le partage (la famille d’accueil joue un rôle complémentaire à la famille naturelle). Trop souvent, nous ne nous autorisons à penser la parentalité qu’à l’empan de ce que nous avons vécu ou aurions voulu vivre. Alors que nous ne serons jamais les parents que nous rêvons d’être, sauf « en dévorant l’enfant merveilleux qui est en nous, celui que nous n’avons pu être pour nos propres parents et le parent que nous rêvons d’être pour nos enfants » (p. 162).
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