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🎥 CINÉ ‱ La vie, le choix



Fortuitement, une trĂšs jeune femme apprend son Ă©tat de grossesse de plus de six mois, interdisant ipso facto l’avortement. Catastrophe : il n’est pour elle pas question d’avoir, pour l’heure, un enfant. De multiples hypothĂšses s’offrent Ă  elle


FĂȘtarde, Rakel, la vingtaine, dĂ©borde de vie et des projets. Un jour, Ă  la piscine, sa meilleure copine lui fait remarquer que ses seins s’arrondissent. IncrĂ©dulitĂ©. Avec son gentil prof d’aĂŻkido, Moss — qui en ce moment lui enseigne l’ukemi, l’art de la chute —, capote et pilule auraient dĂ» faire leur boulot, non ? C’est impossible. Et pourtant




Semence exceptionnelle

« — Rakel, Ă  quoi tu penses ? » l’interroge sa coloc ; « — au sperme
 Quelle saloperie ! »â€Š Celui du judoka sympa a visiblement vaincu, d’une maniĂšre ou d’une autre, les contraceptifs, et c’est surprenant d’ĂȘtre ainsi, elle et lui, super fertiles (elle se souvient aussi avoir connu des sommets de jouissance). À ce point, c’en est touchant. Et catastrophique. L’affaire se complique doublement lorsqu’aprĂšs examens, la jeune femme se rĂ©vĂšle ĂȘtre enceinte de plus de six mois.



Qui ? Qui ?

En effet. D’une part, la durĂ©e de cette longue grossesse invisible — ça arrive ; il faut que ça tombe sur elle
 — lui interdit tout avortement. D’autre part, vues les dates, l’examen « blanchit » le prof de judo mais « incrimine » trois autres gars, avec qui elle a eu, avant lui, quelque affaire amoureuse. Alors lequel ? Elle ouvre une enquĂȘte, jusqu’à trouver le « pĂšre ».



Voix infernale

ApparaĂźt alors, sorti de son carnet de notes, une petite crĂ©ature harcelante, Ninjababy, qui va lui demander des comptes, la pousser dans ses retranchements, Ă  sa maniĂšre l’aider Ă  la dĂ©cision. Ninjababy, personnage nerveusement animĂ©, intervient sans vergogne dans l’image, en une incrustation intrusive et morale. Par moments, le rĂ©cit prend la forme d’une bd accĂ©lĂ©rĂ©e, avec de puissants messages parfois sur la vasectomie et les Ă©jaculations irresponsables.



Montagnes russes

Abandon ? Adoption ? Arrangement avec sa demi-sƓur en mal d’enfant ? Et quid de l’alcoolisation fƓtale ? Rakel est perdue. Elle ira jusqu’à se faire passer pour une mĂšre adoptante pour rejoindre un groupe et jauger les prĂ©tendants et leurs motivations. Pendant ce temps, les relations avec les pĂšres putatifs Ă©voluent, semant un bordel monstre. Au fur et Ă  mesure des sentiments, les Ă©motions de la jeune femme ressemblent de plus en plus Ă  des montagnes russes.



Actualité

Avec une tĂ©mĂ©ritĂ© et une libertĂ© de ton Ă©tonnantes, dotĂ©e d’un humour dĂ©capant, la rĂ©alisatrice norvĂ©gienne met en scĂšne les atermoiements, les sentiments contradictoires et paradoxaux qui peuvent habiter une trĂšs jeune future mĂšre. Le dĂ©sarroi de Rakel passe par la colĂšre, le dĂ©ni, le rejet, le doute
 Mais bien davantage, Ă  l’heure oĂč les menaces sur l’IVG sont en progression, le film prend bel et bien une dimension politique.

Joël Plantet



Ninjababy
Un film norvégien de Yngvild Sve Flikke . 1 h 43.
Avec Kristine Kujath Thorp (Rakel), Nader Kadhemi (Mos), Arthur Berning (PikkJesus), Tora Dietrichson (Ingrid), Silya Nymoen (Mie), Herman Tommeraas (la voix de Ninjababy).
D’aprùs le roman graphique Fallteknik de Inga H. Sétre. Sortie 21 septembre.

Voir aussi : l’oeil et l’oreille, la rubrique culturelle de Lien Social