LâActualitĂ© de Lien Social RSS
🎥 CINĂ âą Perspective faussĂ©e
VoilĂ un excellent reportage sur les Compagnons du devoir (1). Cette confrĂ©rie, qui tend vers l’excellence, justifiait ce beau coup de projecteur. Certes, ses coutumes et usages peuvent apparaĂźtre quand mĂȘme un tantinet surannĂ©. Mais, ils vĂ©hiculent tant dâhonnĂȘtetĂ©, de respect et de fraternitĂ© quâils mĂ©ritaient ce coup de projecteur. NaĂ«lle, quant Ă elle, est touchante et attachante, mais son parcours interroge. PrisonniĂšre dâune banlieue, une fois de plus prĂ©sentĂ©e sous ses pires clichĂ©s, elle ne va devoir son salut quâen entrant chez les Compagnons. Dommage que le scĂ©nario ne fonctionne que sur le mythe mĂ©ritocratique : « tu as de grandes compĂ©tences, mais tu nâen nâas pas conscience ». Il suffit qu’une Ăąme charitable te tende la main et te les rĂ©vĂšles. Et ce sera Paul, Compagnon vitrailliste qui sây colle. Elle n’en aurait pas, elle ne mĂ©riterait pas de sâen sortir ? « Si on veut, on peut » : ce sophisme traverse de part en part ce film, trouvant sa source dans la conviction nĂ©o-libĂ©rale prĂ©tendant que l’on serait toujours maĂźtre de son destin, indĂ©pendamment de tout dĂ©terminisme social. Un scĂ©nario imprĂ©gnĂ© de lâidĂ©ologie dominante de notre Ă©poque contemporaine qui semble s’ouvrir sur un avenir en apparence optimiste, mais en rĂ©alitĂ© qui camoufle les profondes inĂ©galitĂ©s de destin, renvoyant implicitement celles et ceux qui nây arrivent pas Ă leur propre responsabilitĂ©.
Jacques Trémintin
(1) « Compagnon » de François Favrat
Lire aussi : la critique de JoĂ«l Plantet - Lien Social n°1312