N° 1122 | Le 17 octobre 2013 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
L’extermination de quatre-vingt mille Roms, durant la Seconde guerre mondiale, n’a fait que couronner onze siècles d’oppression. Mais le calvaire de ces populations était loin d’avoir pris fin. Chez eux, en Roumanie, on leur jette des pierres et on construit des murs pour les isoler dans leurs ghettos. En France, dans l’ardente patrie des droits de l’homme, on les expulse de camp en camp, leur refusant tout accès au travail qui leur permettrait de vivre sans avoir recours parfois à la rapine, seul moyen de survie. Et l’on s’étonne qu’ils aient du mal à s’intégrer… Manuel Valls affirmant « que seule une minorité d’entre eux souhaite s’intégrer et que leur mode vie est en confrontation avec celui des populations locales… » 77 % des personnes interrogées dans un sondage BVA, approuvent ces déclarations.
La lecture de cet ouvrage peut constituer un excellent contre-poison face à cette discrimination. René Boiteau est un ancien professeur de français, père de six enfants et grand-père de seize petits-enfants. Il a de quoi s’occuper et aurait pu vivre tranquillement sa retraite. Pourtant, un jour, il propose à une femme d’origine Rom, embarrassée de grands sacs volumineux bien remplis de la ramener jusqu’à son camp. Il pénètre pour la première fois dans un de ces taudis constitués de bric et de broc. Ce ne sera pas la dernière : le voilà embarqué dans une aventure qu’il vit toujours. S’attachant à un groupe d’adolescents désœuvrés et surtout déscolarisés, il leur assurera des cours de français, leur fera découvrir la piscine, les emmènera dans une fête de quartier… René Boiteau en témoigne dans son récit : même si ces populations ne demandent qu’à vivre dignement avec un logement et un travail, ce dont elles ont le plus besoin, ce n’est pas tant d’argent que de chaleur humaine, de reconnaissance et d’estime.
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