Confession d’une taupe à pôle emploi

Que peut faire un sociologue, bac +6, chômeur en fin de droits ? Il peut se présenter à Pôle emploi pour devenir conseiller. Travail alimentaire au départ, celui qui se fait appeler sous le pseudonyme de Gaël Guiselin, y aura trouvé une vocation. Préserver un maillon du lien social,, c’est un défi, même si de temps à autre le sentiment qui l’emporte est bien celui de vendre des faux espoirs à des gens qui n’en veulent pas. La fusion décidée par le président Sarkozy a vu les 1150 sites de l’ANPE et les 650 de l’Assedic se réduire comme peau de chagrin à… 950 sites mixtes. Rien d’étonnant que les salariés des deux structures aient vécu le regroupement comme une menace pour leur espace vital. Avec, à la clé, un bond dans le premier semestre 2009 de 70 % des arrêts maladie et plusieurs tentatives de suicide sur le lieu de travail. Quant à la formation aux métiers de l’indemnisation, elle est passée de 9 mois à… 3 jours.

L’époque est à l’économie. Enfin pas pour tout le monde. La création du nouveau logo aura coûté 50 000 €. Christian Charpy, le nouveau PDG a bien tenté, au passage, d’augmenter son salaire annuel de 45 000 €. Mais il n’a pu y arriver. Le vrai travail prescrit, c’est de faire diminuer le chiffre de la catégorie A des demandeurs d’emploi. En réussissant à trouver un emploi, quand c’est possible. En radiant dans les autres cas (multiplier les convocations, en espérant qu’ils en oublient une, proposer des emplois hors de leur champ de compétence, en espérant qu’ils le refusent…) ou en faisant passer dans les autres catégories (B, C, D, E), ce qui les fait disparaître des statistiques. La prime collective dépend de l’efficacité de ce tour de passe-passe. Mais tous les employés ne sont pas des petits soldats zélés. Certains résistent. Mais pour combien de temps encore ?