N° 749 | Le 14 avril 2005 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Comment favoriser chez les parents, et au-delà chez tout adulte confronté à un enfant, la prise de conscience des excès, des errances et des défaillances dans lesquelles ils tombent, tout en renforçant leurs compétences et leurs habiletés ? Arnaud Deroo, responsable d’un service petite enfance dans la région lilloise, a construit des ateliers dont il nous présente ici le déroulement, séance après séance.
Les postulats de départ tentent d’éclairer les comportements humains : chaque acte commis constitue une tentative de préserver ou d’améliorer la qualité ou la durée de la vie. Il s’agit donc non de le juger, mais de comprendre. Ainsi du mécanisme de protection mis en œuvre par la plupart des enfants, mais aussi par beaucoup d’adultes. Cela peut relever du refoulement (ce qui s’est vraiment passé disparaît de la conscience), de la négation (dénégation tant pour soi-même qu’envers les autres), de la projection (attribuer à un tiers ce qu’on a soi-même accompli) ou encore de la surcompensation (activisme et efficacité redoublés pour réparer). Mais s’il peut s’agir parfois de manipulation, on est bien là dans des réactions spontanées. Il convient donc d’essayer d’interpréter la fuite de la réalité, pour ce qu’elle est : une manière de se défendre contre ce qu’on ressent comme une menace.
Second mécanisme, les attitudes qui sont autant de réactions à des besoins non satisfaits : attirer l’attention peut relever du besoin de reconnaissance, se montrer instable peut exprimer un besoin de structure, vivre une faible estime de soi correspond à un besoin de réalisation, manifester et exprimer ses envies signifient parfois qu’on n’est pas toujours comblé dans son besoin d’identité etc. Là aussi, il est pertinent de s’interroger pour comprendre à quel besoin insatisfait, une réaction tente de répondre. Quand on n’arrive pas à combler ses besoins, la contrariété qui en résulte peut provoquer des pulsions d’agressivité qui ne seront pas toujours bien gérées. La violence vient alors compenser l’impuissance à contrôler ses affects. La communication non violente peut aider à canaliser cette réaction. Quand je vis une situation difficile pour moi, je ressens un état désagréable. Si je réussis à identifier le besoin qui est frustré, je pourrais d’autant plus facilement présenter une demande.
L’adulte face à l’enfant peut avec bonheur réagir de la même façon : reformuler sa plainte ou son malaise, puis tenter de définir le sentiment reflété par cet état, identifier le besoin non satisfait et enfin décider de l’action correspondante. Ce n’est pourtant pas ce qui se passe le plus souvent : la fatigue, l’énervement, la difficulté à reconnaître ses propres émotions et ceux de l’enfant… et nous voilà prompts à réagir dans l’excès. Fonctionner autrement est possible. Encore faut-il s’y exercer. Ce que nous propose justement l’auteur à travers de multiples exercices.
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