N° 786 | Le 23 février 2006 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Comment gérer des relations de travail en sortant du seul rapport de force et d’autorité : telle est l’ambition de l’ouvrage. Un petit cadeau à ne pas hésiter à faire à certains cadres, y compris au sein du secteur social, qui conjuguent parfois incompétence et autoritarisme.
Mais au-delà de ce lectorat spécifique, ce livre peut être lu pour les principes fort intéressants exposés en matière d’intelligence émotionnelle. L’écoute de soi et des autres, le choix d’une stratégie d’action qui tienne compte des besoins de chacun, le renoncement aux jugements qui réduisent l’autre à des étiquettes et qui emprisonnent notre perception sont les démarches privilégiées par l’auteur. Dans une confrontation, explique-t-il, on cherche surtout à préserver son image de soi, son estime de soi.
À cet effet, on peut déployer bien des attitudes : se culpabiliser, s’en prendre aux autres, demander des éclaircissements ou exprimer ses ressentis. Mais, pour passer de l’ombre à la lumière, il faut rompre avec un certain nombre de jeux qui enferment et phagocytent le dialogue. Il est ainsi très fréquent que s’établisse une relation qui tourne en rond autour de l’accusation de l’un et de la justification de l’autre, qui polarise le débat autour de l’accord et du désaccord et qui répartisse les interlocuteurs entre les rôles de victime et de bourreau. Comment éviter ces pièges stériles et sortir des conditionnements qui induisent nos regards ? En respectant une procédure en trois étapes.
Tout d’abord, établir le plus objectivement possible les faits constitutifs du différent. Approfondir ensuite les termes du conflit en allant chercher les besoins insatisfaits ou en souffrance à l’origine des difficultés chez soi et chez l’autre. Chaque posture relationnelle dénote en effet plusieurs besoins précis. On peut relier la confrontation frontale au besoin de défense de son territoire, la soumission aux besoins de paix et de protection, le retrait et la fuite aux besoins d’intégrité ou de sécurité, la coopération aux besoins d’équité et de partage. Enfin, dans le conflit, après être passé de l’émotion, de l’étiquetage et du jugement négatif à la prise de conscience de la nécessité de prendre en compte les besoins de chacun, il est temps de formuler le problème.
Tout ceci nécessite bien entendu de privilégier l’échange empathique et une relation basée sur le respect et la considération réciproque. Quelle que soit l’issue du conflit, il est en outre essentiel de préserver une sortie honorable pour chaque protagoniste. Il sera tout aussi important de tirer les enseignements de ce qui s’est passé et de les intégrer à son expérience de vie. Cette façon de procéder peut permettre d’éviter le registre de la plainte ou celui de la violence qui ne font qu’exprimer des besoins non reconnus ou insatisfaits.
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