N° 707 | Le 29 avril 2004 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Est-il possible de connaître l’évolution d’une profession à partir des écrits qu’elle produit notamment à l’occasion du diplôme qui détermine sa qualification ?
Convaincu de pouvoir répondre positivement à cette question, l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire a organisé un séminaire dont on trouvera ici les travaux et contributions. Interviews de professionnels en activité, dépouillement d’intitulés de petites annonces d’offres d’emploi, décorticage de mémoires DEFA (titres, contenus, bibliographie) servent ici de support à une tentative de radiographie d’une profession.
Forte de 350 000 acteurs, l’animation socioculturelle est marquée par une grande diversité qui pour rendre complexe l’identification de ses contours ne lui en procure pas moins une grande richesse. Diffusions et créations culturelles, production artistique de loisirs, développement social, enfance et jeunesse, sport, tourisme… ces secteurs d’intervention sont à la croisée du culturel, de l’éducatif et du social.
Directement issus de l’émergence de la « société des loisirs », les animateurs ont vu leur implication s’infléchir vers la gestion de la crise de la société salariale et la lutte contre les exclusions. Il s’en est suivi un rapprochement d’avec les professions historiques du travail social (assistants sociaux, éducateurs spécialisés et conseillères en économie sociale et familiale).
Mais l’animateur n’en garde pas moins sa spécificité. Ce qui le distingue ce sont à la fois sa quête de sens et son rôle d’agent de transformation sociale largement imprégnés des valeurs de l’éducation populaire : accès à la culture et au savoir pour tous, défense des libertés individuelles et publiques, promotion de l’égalité et de la citoyenneté, recherche de la fraternité, souci de la démocratie, des droits de l’homme, renforcement du respect, de la tolérance, de la laïcité et de l’humanisme.
Même si les autres professions partagent pour l’essentiel ces fondements, il y a chez les animateurs un engagement nettement plus présent dans des écrits marqués par des évaluations et des indications émotionnelles qui dénotent une grande proximité entre l’énonciateur et l’objet de son discours, voire même une relation en miroir. Certes, la complexité des dispositifs rend incontournable l’acquisition d’une solide formation de technicien : l’animateur doit être en capacité de repérer les besoins sociaux émergents, de concevoir un projet répondant à ces besoins, de mobiliser les partenaires et financements adéquats, de conduire l’action retenue selon les modalités appropriées et d’assurer l’évaluation de ce qui a été mené.
Mais le contact avec le public, la qualité des relations humaines, l’engagement social, l’altruisme restent les qualités essentielles pour exercer une fonction qui relève infiniment plus du savoir-faire et du savoir-être que de références théoriques communes quasi inexistantes.
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