N° 1217 | Le 16 novembre 2017 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
D’« Aménagement urbain » à « Valorisation », en passant par « Drogue », « Illusion », « Police » ou « Rien », Yves Rey-Herme nous propose un ABC en 52 entrées pour mieux comprendre la banlieue et envisager de la sortir de l’apartheid dans lequel elle a été enfermée, depuis des années. Car, si 750 quartiers étaient classés prioritaires en 1996, ils sont aujourd’hui 1 300 ! Et les jeunes qui y grandissent ont été à ce point saturés de promesses non tenues et tellement ballottés entre espoirs déçus et colère ravalée qu’ils rejettent les institutions qui ont échoué à les insérer et sèment le désordre comme seule solution qu’il leur reste pour exister et faire entendre leur voix.
Ce dont ils ont besoin ? D’être écoutés et considérés en tant que personnes à part entière, quels que soient leurs passages à l’acte. D’être reçus dans des lieux aménagés pour les accueillir, à des horaires adaptés à leur mode de vie. D’être confrontés à des discours positifs, stimulants et bienveillants qui les incitent à croire en eux et à s’engager, en dépassant leurs frustrations et leur résignation. De croire qu’une marge de manœuvre existe face aux déterminismes sociaux et que toute liberté individuelle n’a pas disparu.
Mais, apaiser durablement les tensions d’une jeunesse écorchée vive suppose l’existence de puissants dispositifs d’appui éducatifs. Il existe des myriades de bénévoles et de professionnels généreux et enthousiastes prêts à mener les initiatives les plus créatives, véritables catalyseurs et relais générant de la convivialité, suscitant de l’entraide, partant des préoccupations des habitants et les accompagnant, pas à pas, sans les déresponsabiliser. Cela dit, des 15 000 associations subventionnées en 2002, il n’en reste plus que 7 000 dix ans plus tard.
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