N° 1107 | Le 30 mai 2013 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Voilà un petit livre tout à fait jubilatoire. Même si toutes les contributions ne prêtent pas forcément à rire ou à détendre : Claire Weil a su alterner des témoignages concrets, émouvants même parfois, et des articles de fond tout à fait sérieux ; avec des bouffées d’humour qui ne se limitent pas au trait d’esprit, mais apportent un angle de réflexion à la fois précieux et différent. Ce second ouvrage prolonge avec bonheur son premier publié en 2010 (Les assistants familiaux. De la formation à la professionnalisation).
On lira donc, tout d’abord, avec grand plaisir, les récits édifiants de quelques professionnels du placement familial, en commençant par cette nourrice aujourd’hui en maison de retraite expliquant ses relations épiques avec la DDASS des années cinquante qui lui confiait, sans contrat de travail, jusqu’à sept enfants. Mais aussi, cette assistante familiale contemporaine décrivant le mode de fonctionnement d’un accueil partagé qui l’amène à négocier, régulièrement avec les parents, les modalités d’éducation d’un enfant confié, répartissant son temps entre sa famille et sa famille d’accueil. Encore, cet assistant familial, ancien enfant placé, qui décrit son vécu des deux côtés de la barrière.
On lira avec intérêt la présentation des ressources diversifiées dont a su se doter le placement familial : dispositifs d’accueil parents/enfants ou activités de groupes. On n’oubliera pas de s’arrêter au chapitre consacré à la formation professionnelle impulsée par la loi de 1992, puis confirmée et renforcée par celle de 2005, souci de compétence débouchant sur la possibilité de préparer le Diplôme d’Etat d’assistant familial. Avec juste, au passage, un habile coup de patte d’un groupe de professionnelles qui ironise, d’une manière particulièrement hilarante, sur les excès euphémisants, ampoulés et jargonnant d’une démarche qualifiante, certes appréciée et appréciable, mais sur qui pèse le risque d’oublier la part d’humanité, de spontanéité et de créativité pourtant au cœur de la profession.
On ne saurait terminer la lecture de ce livre sans se régaler d’un sketch sur le placement familial, œuvre d’un acteur de théâtre ancien éducateur spécialisé, dont l’expression du plus haut comique ne saurait occulter sa connaissance pointue du secteur et sa capacité à poser des questions essentielles, qu’une tout autre forme d’interpellation n’aurait sans doute pas permis de faire entendre avec autant de pertinence et d’efficacité. Ah, j’allais oublier : qui eut cru que la pratique du placement familial salarié français était une exception en Europe, le bénévolat l’emportant partout ailleurs. Étonnant, n’est-ce pas ? Eh oui, c’est bien cela L’Accueil familial, dans tous ses états.
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