N° 1196 | Le 24 novembre 2016 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Les déviances auxquelles les adolescents difficiles confrontent les professionnels les contraignent à des logiques d’intervention fluctuant entre le soin, le traitement social et la régulation sécuritaire. C’est pourquoi l’action déployée à leur intention se situe aux confins du sanitaire, de l’éducatif et du judiciaire. Il n’est plus possible de se contenter de la prolifération et de l’empilement de dispositifs unilatéraux. Seule la complémentarité pourra répondre aux problématiques posées, la mobilisation des expertises locales et l’élargissement partenarial se concrétisant par une mise en réseau des acteurs.
Voilà la seule garantie de continuité que l’action publique peut poser tant elle est menacée par l’incapacité des intervenants à remédier aux manques de la prise en charge. L’action transversale ainsi engagée cherche à relier les institutions entre elles, mais aussi à pouvoir intervenir hors les murs. Au-delà de la diversité des modes d’action, trois principes se retrouvent : la désectorisation, la déterritorialisation et la singularisation. Les lieux d’écoute qui se sont multipliés depuis la fin des années 1980 adoptent la même approche : une exigence d’accès réduite au minimum, le croisement des regards et des compétences chez les adultes écoutants et, enfin, un accueil de la parole souffrante non dans une perspective de soins, mais de « prendre soin ».
La création des Maisons des adolescents ou des diplômes universitaires « adolescents difficiles » qui ont émergé aux quatre coins du territoire sont le prolongement logique de toute cette évolution. Les auteurs illustrent leur propos à partir des expériences menées dans la région lyonnaise depuis ces vingt dernières années démontrant la possibilité du dépassement de l’opposition éducatif/soin et le souci de faire du soin un acte éducatif et de l’acte éducatif un soin.
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