N° 1240 | Le 27 novembre 2018 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Que se passe-t-il dans la tête d’un enfant vivant avec le syndrome autistique ? Cette question beaucoup de parents, d’enseignants, de soignants, de travailleurs sociaux se la sont posée. Hugo Horiot plonge dans sa mémoire pour nous proposer un journal de bord égrenant l’enfance et l’adolescence qui ont été les siennes en tant qu’autiste. Ces flashs de pensée enfantine sont précieux pour approcher un univers peu familier aux normopathes. S’il a tant tardé à s’exprimer, c’est qu’il avait peur de grandir, ayant fantasmé de réintégrer le ventre maternel. Par la suite, il continuera à ne parler qu’aux personnes qu’il aime, pas aux autres. S’il faisait tant de rétention de selles, c’est par crainte que ses organes intérieurs n’éclatent. C’est une occlusion intestinale survenue à l’âge de 11 ans qui mettra un terme à sa phobie : c’est bien son blocage qui risquait de concrétiser son appréhension. S’il ne se battit pas avec ses petits camarades de collège qui l’ont pris comme souffre-douleur, c’est qu’il avait peur de les tuer. La violence des gestes, il la remplacera par des mots de plus en plus élaborés. C’est avec 70% des voix qu’il emportera l’élection de délégué de classe, ayant subjugué les autres élèves par la qualité de son discours. Hugo Horiot est devenu aujourd’hui comédien. Ce n’est peut-être pas un hasard. Son parcours est singulier. Mais il n’en est pas moins éclairant.
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