N° 895 | Le 4 septembre 2008 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

L’enfant et la médiation animale

François Beiger


éd. Dunod, 2008 (208 p. ; 22 €) | Commander ce livre

Thème : Médiation

L’espèce humaine a toujours su utiliser les différentes races animales pour ses besoins : se nourrir et se vêtir, transporter des charges, se distraire. La plus vieille trace que l’on connaisse d’un usage thérapeutique remonte à 1792, quand un humaniste anglais, William Tucke, confia à des patients d’un asile d’aliénés un élevage de lapins et de volaille. Le seul fait de se sentir responsables d’animaux les fit se prendre un peu mieux en charge eux-mêmes. Quel est ce lien magique qui semble unir l’animal domestique avec l’homme et plus particulièrement avec ses enfants ?

François Beiger, qui a consacré sa vie à la zoothérapie, nous propose ici un écrit documenté et argumenté permettant de répondre à cette question. Il se défend de vouloir faire jouer à l’animal un rôle thérapeutique direct. Il préfère parler de médiation et de triangulation, cette action devenant complémentaire au travail du thérapeute. Passant en revue diverses pathologies (autisme, trisomie, hyperactivité…), l’auteur démontre pour chaque situation les implications de cette utilisation. L’animal joue d’abord un rôle d’éponge émotionnelle, montrant une forte capacité à identifier les troubles humains et à y répondre en soulageant tristesse et anxiété.

C’est une réalité affective vivante qui ne trahit jamais et qui permet de canaliser ses sentiments. L’animal peut ensuite favoriser le développement d’une image positive de soi : il ne porte aucun jugement moral ni verbal et ne fait aucune différence face au handicap ou à la maladie. Il donne un sentiment d’utilité, une motivation et renforce la confiance en soi. Il peut enfin développer la socialisation, en incitant à l’échange : l’animal auquel on consacre du temps et des soins vous reconnaît comme un complice et un partenaire faisant partie de sa vie. Se créent alors une interaction, une complicité et un dialogue qui permettent de sortir de l’isolement et du repli sur soi.

On mesure, à l’énoncé de toutes ces potentialités, l’ampleur de l’utilisation qui peut être faite de cet animal médiateur non menaçant et facilitant l’intégration des personnes fragilisées. Pour autant, il ne peut jouer ce rôle dans n’importe quelles conditions. Il faut d’abord qu’il soit en bonne santé : une surveillance vétérinaire s’avère indispensable. Il faut ensuite qu’il ait été dressé d’une façon spécifique : on n’utilisera pas le même caractère d’animal avec un enfant porteur d’un handicap physique ou un enfant hyperactif. Enfin, il est nécessaire de bien analyser les champs de la médiation que l’on cherche à mettre en œuvre : est-ce le niveau du psychique qui sera privilégié ou celui du social, de l’anxiolytique, de l’émotion ou de la socialisation ? Antidote à nos solitudes et à nos tensions, l’animal ne peut produire de miracle. C’est un long cheminement de patience qu’il faut suivre et non rechercher des résultats immédiats.


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