N° 624 | Le 6 juin 2002 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Notre société est confrontée à une montée de la violence. Pour autant, seuls 5 à 6 % des hommes et 2 % des femmes commettent la moitié environ des crimes et des délits et 60 à 85 % des crimes et des délits graves et violents. Pour beaucoup de ces adultes, les troubles du comportement ont commencé dès l’enfance. L’auteur met en garde, avec une grande intelligence, contre les dérives des éventuels facteurs de risque : ce ne sont là ni des causes déterminantes ni des éléments statiques, mais des circonstances personnelles, relationnelles ou sociales qui renforcent la vulnérabilité. Mais leur nature et leur dynamique évoluent en fonction du développement de l’individu.
Certains enfants rencontrent donc des difficultés sans présenter d’éléments qui y prédisposaient et d’autres n’en ont pas malgré la présence de facteurs de risque. Ce concept, à juste raison, relativisé, restent néanmoins des particularités qui doivent inciter à la vigilance. Il en va ainsi, notamment, du déséquilibre entre le système d’activation et le système d’inhibition (deux mécanismes neurobiologiques à l’ ?uvre dans la formation de la personnalité) au détriment du second. Le contexte de vie joue aussi un rôle essentiel : discipline peu contrôlante voire incohérente, difficultés familiales, parents atteints eux-mêmes de troubles graves.
Autre facteur qui ne peut être négligé : un contexte culturel de banalisation de la violence dont les programmes cinématographiques ou télévisuels sont une bonne représentation. Les troubles de l’enfant tiennent donc, pour une part, aux déficits et désordres individuels et pour une autre, à une adaptation optimale à des conditions personnelles et environnementales qui ne le sont pas. « L’origine de l’agressivité et de la violence réside moins dans une ou deux ?causes premières ? que dans un cumul de circonstances négatives qui persistent et s’enchaînent dans le temps » (p. 90). Comment peut-on alors réagir ? En agissant par la prévention et l’aide apportée aux parents dans la période où leurs enfants sont confrontés à un nombre croissant de défis : apprendre à déchiffrer et à interpréter son propre comportement et celui d’autrui et à y répondre par d’autres modes que celui de l’agressivité et de la violence.
L’axe principal est bien celui d’une pratique régulière de la communication régulière et affectueuse favorisant le développement des compétences instrumentales et interpersonnelles de l’enfant. Mais cela ne peut se concrétiser qu’en rendant son environnement quotidien prévisible et clair, qu’en faisant de l’autorité parentale un repère structurant et cohérent. L’objectif consiste à réduire autant que possible un style de vie stressant et chaotique qui a pour effets d’accroître les émotions négatives, de restreindre le champ cognitif permettant d’interpréter les modes relationnels et de développer la détérioration du comportement social.
Dans le même numéro
Critiques de livres