N° 907 | Le 27 novembre 2008 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Ici, pas de plongée dans le complexe d’Œdipe ou le refoulement des pulsions. On est dans l’ici et le maintenant. L’auteure fonde toute sa démonstration sur le rôle joué par la confiance en soi, dans l’épanouissement de l’enfant. Il y a progression, quand il y a une juste estime de soi. Mais, dès qu’il y a doute (une multitude de facteurs peut y contribuer), l’enfant est mal à l’aise dans ses relations sociales. Il se croit constamment jugé par le regard négatif des autres. Ses apprentissages des habiletés sociales s’en trouvent altérés. « Les deux meilleurs armes que vous pouvez transmettre à votre enfant sont la confiance en soi et la confiance en vous » (p.78), conseille-t-elle aux parents.
Pour que le petit d’homme croit en son potentiel, encore faut-il que les adultes qui l’entourent en soient aussi convaincus, car c’est en eux qu’il va puiser l’énergie affective dont il a besoin pour grandir. Cela commence par ne pas céder aux sirènes de la performance et de la compétition qui inquiètent tant au point d’inciter à vouloir accélérer les progrès de l’enfant. Les marchands de jouets ne vendent plus tant leurs produits pour l’attrait ludique qu’ils présentent que pour leur capacité à accroître les compétences cognitives. Or, l’évolution des enfants se fait selon un rythme propre à chacun. Il y a une variabilité non seulement interindividuelle (aucun ne progressant de la même façon), mais aussi intra-individuelle (il peut arriver de ne plus être ponctuellement à la hauteur d’une situation pourtant jusque là maîtrisée). Le déroulement naturel du développement individuel doit donc être respecté.
Ce dont a surtout besoin l’enfant, c’est de disposer de bases solides : des liens d’attachement, la conviction qu’il ne nous décevra pas, l’absence de jugement de valeur. Cela ne signifie nullement qu’on ne doive jamais le critiquer. Simplement, ce qu’il faut évaluer ce sont ses actes, ses paroles, ses performances, pas ses qualités intrinsèques. Mais permettre à un enfant d’acquérir la juste confiance en lui-même, cela passe aussi par le fait que l’adulte ait lui aussi confiance en soi. Plus il est à la recherche de conseils, plus il s’éloigne de ce qu’il ressent comme pouvant être bien pour son enfant. Moins il est rassuré, moins il conforte son enfant, particulièrement attentif à nos hésitations et notre désarroi. Il les interprétera volontiers comme autant de doutes dans nos propres compétences et les siennes.
Et Gisèle George de proposer une lecture de son ouvrage qui devrait s’inscrire en préambule de tous les ouvrages éducatifs : « La relation avec votre enfant est unique, singulière et ne peut se généraliser. Nos propos doivent servir de pistes, de conseils, d’idées auxquelles vous n’auriez peut-être pas pensé. Mais lorsque vous les lirez, ne les suivez pas aveuglément ou à contrecœur » (p.65).
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