N° 1159 | Le 19 mars 2015 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Cette troisième édition réécrite et réactualisée de l’ouvrage d’Olivier Maurel, devenu un classique de la littérature d’éducation non-violente, pourrait constituer le point final du combat contre les châtiments corporels, tant son propos semble percutant, convainquant et exhaustif. Mais, il y a encore tant d’adultes à persuader. L’argument est implacable. Que l’on souhaite aborder la question d’un point de vue descriptif, historique, géographique, juridique, psychologique, médical, etc… on trouvera ici une réponse richement détaillée et structurée. En quinze ans, le nombre de pays ayant interdit légalement la violence éducative ordinaire a triplé. Même le président du réseau des imams de Mauritanie a émis une fatwa pour la proscrire.
La France, elle, est restée passive, en dépit des interpellations du comité des droits de l’enfant de l’ONU et du conseil de l’Europe. La violence faite aux femmes est combattue activement. Les dresseurs d’animaux ont renoncé aux coups. Transformer un chien en danger public est très simple, expliquait un vétérinaire en 1999 : privez-le d’attachement affectif, ajoutez une pincée de traumatisme et secouez bien fort. Mais, pour ce qui est de l’enfant, on continue à être persuadé que les claques et les fessées sont indispensables pour extirper le mal qu’il porte en lui.
N’y a-t-il pas en lui des pulsions animales à réprimer et une violence fondamentale à canaliser (psychanalyse) et/ou un péché originel à payer (religion) ? En agissant ainsi, on ne fait que renforcer trois convictions qui se perpétueront à l’âge adulte, nourrissant la violence sociale et l’agression : on a le droit et raison de frapper un plus faible quand on est le plus fort, on fait du bien en faisant du mal, souffrir et faire souffrir est légitime. La nouvelle norme éducative préconisée par Olivier Maurel est simple : traiter l’enfant comme nous voudrions qu’il nous traite.
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