N° 952 | Le 3 décembre 2009 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
La proposition d’une loi interdisant la fessée, déposée par la députée UMP Edvige Antier, a reçu un accueil très froid de la part tant de la majorité parlementaire que des Français qui viennent, à 82 %, de s’y déclarer hostiles (Sondage TNS Sofres, 22/11). L’opinion n’est pas prête à rejoindre les 18 pays européens (sur 47) l’ayant déjà fait. D’où l’intérêt décuplé de ce petit ouvrage très pédagogique. Stephan Valentin en convient : cette question n’est pas populaire car elle fait intrusion dans l’intimité des familles qui s’estiment libres d’élever leur enfant comme bon leur semble. Les châtiments corporels appartiennent à une tradition ancestrale. Ils se sont imposés tant qu’on n’a pas considéré l’enfant comme un être humain à part entière, mais plutôt comme un objet dont on pouvait disposer à sa guise.
Aujourd’hui, cette vision a changé. Mais subsistent encore deux types de fessées : la fessée réactionnelle (quand l’adulte est dépassé par l’enfant) et la fessée éducative (employée comme moyen pour se faire obéir). Une éducation sans violence ne signifie pas renoncer à son autorité. On peut tout à fait imposer des limites à l’enfant, sans avoir à le frapper. Pour y arriver, il faut veiller à ne pas céder quand on lui dit non tout en restant souple, à poser des exigences qui ne soient pas excessives tout en lui permettant de faire ses propres expériences, à rester cohérent entre adultes…
Une telle approche éducative n’exclut pas non plus la punition. Elle s’attache juste à lui donner une dimension directe, proportionnée, juste et compréhensible. L’éducation sans fessée aide l’enfant à grandir plutôt qu’elle ne cherche à le soumettre. Et l’interdiction de ce châtiment vise non à culpabiliser les parents, mais à les inciter au dialogue avec leur enfant tout en s’interrogeant sur les raisons véritables d’un tel acte : pseudo-efficacité ou évacuation de son stress et de sa colère ?
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