N° 816 | Le 9 novembre 2006 | Philippe Gaberan | Critiques de livres (accès libre)
Cet ouvrage de 152 pages est une mine d’or pour tous les formateurs qui accompagnent des publics « à distance de la formation », soit parce qu’ils sont géographiquement isolés soit parce qu’ils sont en rupture scolaire et donc, a priori, peu mobilisés par le fait de revenir dans un dispositif d’apprentissage. C’est ainsi que dix apprenants de moins de vingt-six ans ayant la particularité de souffrir d’un handicap mental se retrouvent engagés dans un cursus de formation diplômante de niveau CAP en industrie agroalimentaire par alternance au CFPPA de Roanne.
Cette expérience n’est qu’un exemple parmi les douze projets menés par douze organismes de formation portant sur l’intégration des nouvelles technologies auprès de publics en difficulté dans les domaines de l’agroalimentaire et de la métallurgie. Point commun entre toutes ? Elles font le pari des nouvelles technologies dans leur capacité à surmonter les obstacles liés à la difficulté d’apprendre. Bien sûr l’outil informatique ne guérit rien des déficiences ; de même, il ne répare rien des parcours chaotiques des apprenants.
En revanche, et comme le montrent les témoignages et les analyses développés tout au long de l’ouvrage, il retisse du lien et remet de l’envie là où, jusqu’alors, il n’y avait que des parcours d’échecs et des vécus de solitude. Ainsi, pages 58-89, plusieurs partenaires et centres de formation engagés dans l’aventure récapitulent les qualités d’un outil qui permet de restituer de la liberté aux apprenants, de les placer vraiment au cœur du processus d’apprendre, d’ouvrir au dialogue avec les tuteurs de formation et les collègues apprenants, de faciliter l’accès aux savoirs et leur mémorisation de part la dimension ludique, dynamique et esthétique des programmes proposés.
Bien sûr, l’outil n’a pas que des avantages et beaucoup des utilisateurs soulignent la difficulté de l’accès aux logiciels ou aux plateformes de formation à distance, leur complexité d’utilisation et le manque de maîtrise par les formateurs. Mais cette expérimentation et surtout sa capitalisation dans le cadre des projets e-quator financés par les Fonds européens constituent une sérieuse avancée en matière de retour à la formation des publics défavorisés ou en difficulté d’apprentissage. Sans aucun doute, il permet de rompre certaines idées reçues, de mettre fin à quelques résignations fatalistes et d’entrevoir de nouvelles perspectives en matière de pédagogie et de formation. Cet ouvrage est un petit bijou à mettre entre chaque main de formateur, même si, pour l’instant et malheureusement, il est diffusé en dehors des circuits classiques de distribution.
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